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Pr Djamel Eddine Nibouche:
«Les hôpitaux ne gèrent pas correctement la maladie du Covid»

Avec la hausse des contaminations par le coronavirus où la contagion s’est accélérée avec le variant Delta, le système de santé fait face depuis quelques semaines à une conjoncture difficile due à la saturation des établissements hospitaliers mobilisés contre la Covid-19 et la forte demande en oxygène médical.

Certains spécialistes de la santé qualifient désormais la situation de dramatique au niveau mondiale et très difficile en ce qui concerne l’Algérie. Cet avis est partagé par le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef de service cardiologie au CHU Nafissa Hamoud (Alger).
Il a indiqué, d’emblée, lors de son passage hier sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, que «la situation n’est plus préoccupante, mais dramatique». Pour le praticien, «la situation dramatique due la pandémie n’est pas exclusive à l’Algérie, mais elle est mondiale ; on voit maintenant que l’épidémie continue et s’aggrave avec l’apparition de nouveaux variants». Pour ce qui est de la conjoncture actuelle en Algérie, l’intervenant indique qu’elle «est très difficile».
«Nos structures ne sont pas adaptées pour prendre en charge la maladie de la Covid-19, car les malades qui arrivent aux hôpitaux représentent des problèmes respiratoires et tous les patients hospitalisés nécessitent de l’oxygène», a-t-il relevé. Et d’ajouter : «Étant donné que les patients nécessitent de l’oxygène, nos structures de santé ne peuvent pas en accueillir un nombre important». Le praticien a indiqué qu’il faut actuellement mettre en place une politique de gestion de la crise sanitaire due à la Covid-19 et une nouvelle stratégie qui n’implique pas seulement le ministère de la Santé, mais elle implique aussi d’autres départements de l’État. «Lorsqu’on analyse la maladie, on voit qu’elle est périodique, avec des phases d’accalmie où il y a un fond de contaminations et puis, d’un seul coup, la contamination devient importante», indique l’invité de la Radio nationale qui affirme qu’ «il faut toujours se préparer à ces nouvelles phases de hausse des contaminations.»
Pour remédier à cette situation, le praticien a énuméré une série de propositions telles que la création de nouvelles structures dédiées au Covid-19. «Il faut créer des structures légères spécifiques, adaptées à la prise en charge réelle de la maladie. Ces structures peuvent être montées en une quinzaine de jours, clés en main, avec un générateur d’oxygène autonome, elles existent en Chine, aux Etats-Unis et en Europe», a-t-il préconisé.
Il a indiqué qu’il faut réaliser très rapidement des structures légères qui auront à gérer que la pandémie de la Covid-19 afin de soulager tous les hôpitaux des grandes villes et pouvoir ainsi prendre en charge les autres maladies graves. Le Pr Nibouche a proposé aussi l’impératif de moderniser les structures de santé et de faire appel aux services de sociétés professionnelles chargées de distribuer et acheminer l’oxygène médical.
«La gestion de l’oxygène est archaïque parce qu’il n’y a pas de sociétés de prestation de service qui sont des professionnels de l’oxygène. Un directeur d’hôpital n’a pas à gérer l’oxygène, il fait appel à un prestataire de service ; C’est pourquoi, il faut installer au générateur d’oxygène pour garantir l’autonomie des hôpitaux», propose encore l’invité de la Radio nationale.
Dans le même contexte, le professionnel de la santé a indiqué qu’il faut former les médecins généralistes.»Les médecins généralistes ne sont pas formés à la prise en charge de la maladie de la Covid et cette catégorie professionnelle doit être au premier plan, formée avec la délivrance de certificat», a-t-il appelé. Pour lui, la pandémie n’est pas encore vaincue, ce qui nécessite «une organisation spécifique et une alternance des équipes médicales qui y feront face», a-t-il suggéré, estimant qu’actuellement, «les hôpitaux ne gèrent pas correctement la maladie». Outre la mobilisation et la formation des médecins généralistes, le Pr Nibouche a appelé aussi à l’implication du secteur privé dans la lutte contre la pandémie.
Samir Hamiche

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