EDITO

Les lourdes dépenses de l’année

Nous sommes à 48 heures de l’Aid El Adha. Les Algériens désespèrent de voir les prix de l’ovin baisser. Bien au contraire dans tous les espaces de vente improvisés du pays, les moutons vendent vraiment cher leur peau et les marchés de la Rahma n’ont rien pu faire. D’ailleurs les citoyens ne se sont pas fait d’illusion. Tout le monde savait que les tentatives des autorités qui consistaient à tirer les prix vers le bas n’allaient pas déboucher sur un résultat probant. Cela étant dit, et comme de tradition les maquignons ont régné et règnent toujours en maîtres sur un marché qui a toujours échappé au contrôle des services habilités en la matière. Il existe en effet une règle non écrite qui veut que la valeur du mouton augmente d’année en année. L’on n’a pas vu une seule fête du sacrifice où le bélier s’est négocié en baisse par rapport à la saison précédente. La bourse du cheptel est systématiquement à la hausse et la forte impression qu’aucun facteur n’est en mesure de l’infléchir est toujours de mise. La sécheresse de cette année aura été la raison invoquée par les professionnels. Il y a quelques années, c’était l’abondance des pâturages qui avait été invoquée pour expliquer la hausse des prix. En effet, l’Algérie a déjà connu des années pluvieuses où toutes les conditions étaient réunies pour espérer une chute de la valeur de l’ovin. En plus d’une abondance pluviométrique, il est arrivée de voir des saisons exemptes de maladies. Ajouter à cela le fait que les éleveurs aient bénéficié de l’aide directe et indirecte de l’Etat. Tous ces facteurs avaient, à l’époque, eu un impact très positif sur la progression appréciable de la population ovine du pays. Et de fait, le marché s’en est trouvé très bien alimenté. Mais au lieu d’assister à une stagnation des prix à défaut d’une baisse, c’était systématiquement le contraire qui se produisait. Les Algériens et les responsables en premier lieu avaient compté sans des intermédiaires. Ces derniers qui ont toujours défait les pronostics avaient tout simplement imposé leur loi, en mettant le peuple devant une situation tout à fait incongrue. Des centaines de milliers de pères de famille s’étaient retrouvés devant un véritable dilemme annuel : se passer d’un rite cher à notre religion ou s’endetter lourdement au point de déstabiliser le budget familial. Le même scénario se répète cette année sur fond de sécheresse qui prend des allures endémiques.
Il faut savoir qu’en plus de la dépense de l’Aïd El Adha, les Algériens ont déjà dû faire de la gymnastique pour gérer le ramadhan et l’Aïd El Fitr. La question que l’on se pose est de savoir s’il reste dans les foyers de la place pour un budget vacances. L’annonce de l’ouverture de la frontière algéro-tunisienne éclairera l’opinion sur les capacités des Algériens à bien négocier toutes les lourdes dépenses de l’année…
Par Nabil.G

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