Les principes, les choix et l’émergence

Après avoir été la Mecque des révolutionnaires durant les décennies 60 et 70, l’Algérie a-t-elle amorcé un saut majeur pour devenir la Mecque des investisseurs ? La question est légitime au regard de l’intérêt porté sur de nombreuses filières industrielles ainsi qu’à l’agriculture. Mais même si ce genre de questionnement est disons-le légitime, il ne faut pas se méprendre sur les mots. L’Algérie n’est pas dans un processus de reniement de ses principes fondateurs. Son soutien aux causes justes demeure le même. Inébranlable. Les causes sahraouie et palestinienne ne se monnaient pas. Et l’Etat algérien le dit assez fort pour que tout investisseur intéressé par l’Algérie sache qu’il n’achètera jamais la conscience d’un peuple fier d’apporter de l’aide à ses frères aujourd’hui, sous le joug de deux colonialismes inhumains.
Cela pour dire qu’avec l’Algérie, la négociation est strictement économique. Le concept de gagnant-gagnant trouve toute sa justification dans un rapport de respect entre les États et les peuples. Mais disons-le également clairement, la position de l’Algérie n’empêche pas son succès économique. Il y a dans l’attitude de notre pays une leçon de probité à tous les États qui n’hésitent pas à retourner leur veste pour recevoir quelques milliards de dollars d’investissement. Tant il est vrai que pareille posture est visiblement plus facile à tenir que d’affirmer la souveraineté, on constate la fragilité de ces Etats-marionnettes, dont les dirigeants deviennent interchangeables quelque soit leur volonté d’aider leurs peuples.
L’autre leçon que donne l’Algérie aux pays du Sud global est que la transformation d’un Etat en un pôle d’investissement de premier plan, dans sa région d’influence, n’est pas simplement une question d’argent, mais aussi de vision stratégique et de détermination à bâtir un avenir où l’héritage révolutionnaire se conjugue avec les aspirations modernes d’une économie dynamique et ouverte. L’équilibre entre la préservation des valeurs fondamentales et l’ouverture aux investissements étrangers sera la clé de l’émergence. L’Algérie travaille à allier ces deux dimensions. Elle pourra devenir la Mecque des investisseurs de tout bord, sans rien renier de ses principes. Ce n’est pas le chemin le plus aisé, mais c’est sans aucun doute, celui qui mènera la société algérienne le plus loin possible sur la voie de la prospérité véritable. En un mot comme en mille, l’Algérie est en passe de construire un modèle de développement différent, mais certainement inspirant pour d’autres nations en quête de développement durable et respectueux de leurs principes et en adéquation avec leur histoire et les aspirations de leurs peuples. Cela peut paraître de la simple rhétorique, mais en regardant de plus près, on comprend le modèle algérien.

Par Nabil.G