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En plus de la remobilisation du personnel soignant:
Les spécialistes appellent à accélérer la cadence de la vaccination

Face à la montée des contaminations par le coronavirus et l’abandon des mesures de protection, les professionnels du secteur de la santé ont multiplié les appels pour accélérer la cadence de la vaccination.

Ces derniers jours, l’Algérie a enregistré une légère hausse des cas confirmés de contamination par la souche initiale de la Covid-19 et ses variants britannique et nigérian, d’où l’inquiétude des spécialistes. Ces derniers pointent du doigt un relâchement généralisé en matière d’application des mesures barrières et la lenteur du rythme de la vaccination. Rétablir un protocole sanitaire strict et remobiliser les membres du corps médical pour éviter la catastrophe est, en substance, le contenu de l’appel lancé, hier, par le Pr. Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie.
Intervenant sur les ondes de la chaine III de la Radio nationale, le Pr Djenouhat a indiqué, d’emblée, que la remontée des contaminations était prévisible, affirmant que les mesures sanitaires pour le contrôle des voyageurs entrant au pays n’ont pas été appliquées. «On s’attendait à ça d’autant que nous n’avons pas respecté les mesures au niveau des aéroports, nous n’avons pas confiné les voyageurs pendant cinq jours au minimum», a-t-il déploré.
Il a souligné, à la même occasion, la virulence et la rapidité de transmission des variants, notamment le britannique qui «cause, selon des études, 30% de mortalité».
Pour mettre la situation sanitaire sous contrôle, le praticien a appelé à la «remobilisation» du personnel soignant, à accélérer la vaccination et à la «fermeté» quant au respect des mesures anti-Covid-19, jugeant la situation épidémiologique en Algérie «inquiétante, mais maîtrisable». Pour que la situation soit maîtrisable, le praticien a affirmé qu’il faut agir vite, estimant, à la même occasion, que le «relâchement» constaté quant au respect des mesures barrières, notamment le port du masque et la distanciation physique, relève de «l’inconscience». «On doit remobiliser le personnel soignant pour faire face à cette situation qui commence à être inquiétante. (…) Si on ne prend pas les mesures préventives le plus tôt possible, ça risque d’aller vers un nombre très élevé de cas graves et de décès», a-t-il mis en garde.
L’intervenant a également adressé un appel à l’adresse des autorités afin d’accélérer l’acquisition des quantités supplémentaires des doses de vaccins anti-Covid-19, soulignant la nécessité de revoir la stratégie vaccinale. «Puisqu’on a un problème d’acquisition de vaccin, on doit revoir la stratégie de la vaccination. On peut éventuellement épargner ceux qui ont déjà contracté le virus et aller vers les sujets âgés», a-t-il expliqué.
L’invité de la chaine III, qui occupe également le poste de chef de service du laboratoire des analyses biologiques à l’EPH de Rouiba, a souligné l’impératif pour le ministère de la Santé d’augmenter le nombre de lits pour les malades du Covid-19, notamment dans les services de réanimation. Il a affirmé qu’il n’y a pas eu de saturation dans les hôpitaux en ce qui concerne les lits destinés au traitement des patients atteints du coronavirus.
Pour ce qui est des variants où l’Institut Pasteur d’Algérie a annoncé jeudi dernier la détection de 166 nouveaux cas de mutant britannique et nigérian, le Pr Djenouhat a indiqué que l’inquiétude par rapport aux nouvelles souches résident notamment de leur virulence et vitesse de contagion. «Il ne s’agit pas d’une nouvelle maladie, mais ce qui va différer c’est le nombre de cas graves qu’engendraient ces variants», a-t-il averti, affirmant que «l’Algérie est parmi les pays qui ont beaucoup de cas de variant nigérian». Il a affirmé que «le variant nigérian est deux fois plus mortel que le variant sud-africain ; son taux de mortalité est de 4,3 % ; il y a de quoi s’inquiéter par rapport à la gravité et le nombre de décès qui peuvent être causés par ces variants».
Au sujet de l’immunité de groupe ou collective et en réponse à une question pour savoir si l’Algérie pourra atteindre cet objectif grâce à la vaccination d’ici la fin de l’année en cours, le Pr Djenouhat s’est dit pessimiste.
Dans ce sillage, il a appelé à une opération massive en la matière avec le renforcement des acquisitions tant en doses de vaccin qu’en réactifs en milieux hospitaliers pour appuyer le dépistage. Pour lui, il est impératif pour l’Algérie de varier les vaccins qui doivent s’ajouter au Sputnik V et l’AstraZeneca.
Interrogé sur la possible arrivée de la troisième vague du coronavirus, l’intervenant a affirmé que la crainte de la nouvelle vague aurait pu être évitée si l’Algérie avait importé d’importantes quantités de doses de vaccins et une campagne de vaccination massive aurait été lancée lors de la relative accalmie vécue dans la période janvier-février.
Samir Hamiche

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