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La saison estivale est aux portes:
L’été de tous les bricolages

Les couches moyennes de la société qui, découvrant ce qu’est le tourisme via des séjours en Tunisie ou en Turquie, se détournent totalement du discours des pouvoirs publics qui cherchent à promouvoir la destination Algérie et s’y prennent très mal.

Annoncé comme qualitativement supérieur aux deux derniers qui l’ont précédé, pandémie de la covid-19 oblige, l’été 2022 n’a été sauvé, dans la wilayas d’Oran, que par les Jeux méditerranéen. Une programmation festive est de nature à donner de réelles couleurs aux séjours des Algériens qui ont fait le choix de la capitale de l’Ouest pour passer une partie de leurs vacances. Si les autres régions du pays ne tomberont pas dans la léthargie qu’ils ont dû subir les deux derniers étés, elles en sont à se demander à quelle sauce, elles vont être mangées par la faune estivale qui prend possession des plages, leurs parkings et les trottoirs des villages balnéaires. La saison estivale qui démarrera officiellement au lendemain des examens du baccalauréat promet d’être sécurisée, annoncent les autorités centrales du pays. Le ministère de l’Intérieur a informé de son intention de frapper au cœur des réseaux quasi-mafieux qui exercent dans les plages sous couvert de « plagistes » et qui pratiquent des prix exorbitants. De même pour les gardiens de parkings clandestins qui font payer la place au prix cher. Ainsi, les citoyens qui, disons-le franchement ont présentement le choix entre les plages sont tranquillisés par un discours de fermeté. Mais en admettant que les voyous seront muselés, les estivants vont devoir faire face à un déficit criard en matière de qualité de service. Rien n’indique, en effet, une quelconque garantie de tranquillité aux standards internationaux assurés aux estivants. Les plages algériennes, c’est connu, sont assez éloignées des normes en matière de sécurité, hygiène et surtout d’animation.
Dans les quelques grandes villes du littoral, il existe quelques endroits où une famille peut se désaltérer dans une ambiance à peu près correcte. Des parcs aquatiques en nombre très insuffisant expliquent bien entendu les prix mirobolants des prestations loin d’être à la hauteur. Il reste cependant que ces dernières années le service s’est quelque peu amélioré par rapport à ce qui se faisait avant. Le seul hic c’est qu’une famille de quatre personnes dépensera entre 8.000 et 10.000 dinars la journée. Une semaine dans un « Aquaparc » revient à un séjour dans des contrées éloignées « où l’on a pour son argent », souligne un père de famille qui en a fait l’expérience et prie pour cette année la résolution d’offrir à sa famille « une semaine de rêve » en Tunisie, plutôt que de dépenser toutes ses économies « dans un confort très approximatif où l’on souffre plus que durant le reste de l’année ». Mais cette option demeure hypothétique tant que les frontières algéro-tunisiennes ne sont pas rouvertes.
Cette sentence n’est pas un fait isolé, mais une remarque très répandue au niveau des couches moyennes de la société qui, découvrant ce qu’est le tourisme via des séjours en Tunisie ou en Turquie, se détournent totalement du discours des pouvoirs publics qui cherchent à promouvoir la destination Algérie et s’y prennent très mal. Les responsables du secteur qui promettent d’année en année des saisons « exceptionnelles » font des flops et la cuvé estivale de 2022 ne donne pas l’impression d’être la meilleure de toutes celles qui l’ont précédées.
Les prix pratiqués sont toujours en hausse d’année en année et l’offre de transport public est chétive, de sorte qu’un groupe de jeunes citadins voulant passer une journée à la plage court le risque de passer la nuit à la belle étoile ou débourser une sommes conséquente en prenant des taxis clandestins. C’est d’ailleurs le moyen de transport majoritaire pour les destinations balnéaires. En tout cas, jusqu’en 2019, c’était le cas. Aucun élément probant n’invite à penser que cette année, les choses changeront en mieux. Mais laissons tout de même le bénéfice du doute aux responsables et jugeons sur pièce…
Yahia Bourit

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