EDITO

L’Occident peut-il céder ?

Et ça ne marche toujours pas. Et ce n’est pas faute d’avoir tout essayé. Les Occidentaux ont sorti quasiment toutes les armes et sanctions possibles et imaginables contre la Russie et son président, mais à ce jour ils n’ont pas réussi à faire plier le maître du Kremlin.
La Russie et Poutine tiennent le coup et se portent même mieux que les pays occidentaux. Des pays où l’inflation a atteint des proportions jamais connues. Pire encore, le pouvoir d’achat des citoyens français, espagnols, allemands et autres ne cesse de s’éroder. Une fragilité qui interroge sur les capacités de ces puissances à tenir le coup face à cette guerre en Ukraine qui paraît s’installer dans le temps.
Et même la puissante Amérique semble accuser le coup. Une situation qui a poussé le président Biden a opté pour un réalisme froid, obligé et nécessaire pour tenter d’inverser la vapeur. En effet, c’est vers l’Arabie Saoudite, qu’il qualifiait pourtant de «paria», il n’y a pas si longtemps que cela, que le locataire de la Maison Blanche s’est vu obligé de se tourner. Son objectif, exiger de Ryad et des pays du Golfe d’inonder le marché de pétrole pour faire face (ironie du sport) aux sanctions énergétiques de Moscou.
La donne a ainsi changé du tout au tout. Et au moment où il apparaît clairement que c’est la Russie qui est le maître du jeu, les Occidentaux ne peuvent avoir d’autres choix que d’opter pour la real politik, laissant de côté leurs fameux slogans de droits de l’homme et de démocratie. Car en plus de la bataille militaire qui semble se perdre sur les terres ukrainiennes, il s’agit au minimum de ne pas perdre la guerre politique et surtout la guerre économique.
Il s’agit pour l’Amérique et ses alliés de sauver ce qui peut encore l’être. Car si Poutine jouit encore d’une grande popularité au sein de son pays, c’est loin d’être le cas des leaders Occidentaux dont les côtes de popularité sont au plus pas, et qui doivent faire face à la montée de la colère au sein de leurs opinions publiques qui n’en peuvent plus de la dégradation de leur situation sociale et qui le font savoir, chaque jour, à travers des grèves et des manifestations, parfois violentes, où les forces de l’ordre ont recours à des ripostes plutôt musclées, pour ne pas dire plus.
En fin de compte, ce ne sont pas les murs du Kremlin qui craquent, mais bien ceux de la Maison Blanche, de l’Élysée et bien d’autres encore en Europe, qui résistent mal à cette guerre qui vient de l’Est. Mais est-ce à dire que Poutine finira par arracher les objectifs pour lesquels il a déclenché « son opération» en Ukraine? Rien n’est sûr, mais rien n’est impossible aussi.
Par Abdelmadjid Blidi

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