EDITO

L’Union européenne et nous

Depuis l’entrée en vigueur, il y a près de deux décennies de l’accord d’association Algérie-UE, les attentes algériennes de transfert de savoir-faire et d’accompagnement effectif en matière de mutation de l’économie nationale ont été déçues. C’est le moins que l’on puisse dire. Les Européens ont signé un accord pour s’ouvrir un marché de 40 millions d’habitant, dont le pouvoir d’achat commençait à progresser grâce une embellie financière en rapport direct avec la hausse des prix de l’or noir sur le marché internationale. Une aubaine qu’ils ont saisie pour déverser leur production en Algérie et faire bénéficier les pays de l’Europe de l’est de leur savoir-faire et leur perspective. Ils y ont aussi investi des milliards de dollars. Dans le même temps, l’Algérie a reçu quelques miettes, à travers des programmes de mise à niveau de son économie financés par l’UE, et conduit par des bureau d’étude européens, dont les patrons ont de bon contact au niveau de la superstructure. La boucle est bouclée, l’argent reste en Europe, avec en prime, zéro transfert de technologie dans le sens Bruxelles-Alger.
La question légitime qui s’impose est celle de savoir quand l’UE se rappellera-t-elle qu’il existe sur son flanc sud une nation qui a contracté avec l’ensemble de ses membres un accord d’association censé être mutuellement bénéfique. La question est d’autant plus pertinente, lorsqu’on voit les chiffres de cette association asymétrique qui révèlent que pour un dollar de pétrole exporté vers l’Europe, l’Algérie a importé pour plus de 20 dollars de biens produits en Europe, on ne voit rien d’associatif dans l’équation.
Les arguments des Européens pour justifier cet état de fait tiennent à l’incapacité de l’administration algérienne à se réformer. L’argument peut tenir la route, mais n’explique pas la détermination européenne quasi systématique de faire échouer toute tentative d’un opérateur algériens d’entrer sur le marché européen. C’est une réalité et les exemples sont nombreux. On rétorque aussi que même avec son statut de plus grand marché de la région maghrébine, sa dimension reste modeste pour les géants européens. Mais en ces temps de planche à billets et d’inflation planétaire, c’est l’intérêt qui compte. L’Algérie connaît le sien. En cela le président de la République a donné un signal clair, lors du dernier Conseil des ministres.
De fait, on imagine aisément que dans les salons occidentaux on tisse une nouvelle stratégie, on adapte «la politique de bon voisinage» à la conjoncture de l’heure. Comment vont-ils procéder ? Pour l’instant nous n’en savons rien, mais on le saura bien assez tôt…
Par Abdelmadjid Blidi

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