«Maison de la presse» à Oran : un projet mort et enterré?
A l’occasion de la célébration de la journée internationale dédiée à la liberté de la presse, le samedi 3 mai dernier, une réception a été organisée à la Mosquée pôle «Ibn Badis», en présence des journalistes, des autorités locales, et des élus de l’APW et des APC d’Oran. A cette occasion, le wali d’Oran a tenu à rendre un «vibrant hommage» aux journalistes pour leur engagement et leur patriotisme, soulignant que les professionnels de la presse sont inscrits aux «premiers rangs des militants pour la défense de l’intérêt national contre toute forme de déstabilisation et de menaces visant le pays».
Une célébration marquée également, comme chaque année, par des discours et des remises de tableaux et de cadeaux symboliques à des membres de la profession connus sur la scène médiatique locale. Parmi les commentateurs de cette actualité locale sur les réseaux sociaux, beaucoup ont estimé que cet événement «se démarque cette année des anciennes cérémonies de célébration axées essentiellement sur les discours, les annonces et les promesses liées à l’amélioration de la situation sociale des journalistes».
Il est vrai que chaque année, la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, est aussi une occasion offerte aux journalistes voulant évoquer divers thèmes et parler de leur rôle, de leur parcours, de leur statut et des contraintes et difficultés rencontrées dans l’exercice de leur profession.
Un commentateur anonyme, apparemment profane en matière d’organisation et de fonctionnement du secteur de la presse, a naïvement demandé «pourquoi les journalistes à Oran ne disposent pas d’une «maison de la presse» tout comme d’autres corporations telles que les avocats, les médecins ou les architectes qui ont un endroit commun pour organiser des rencontres professionnelles et des débats dans une ambiance conviviale? Il est vrai que l’ordre des avocats, des notaires ou des architectes est régi depuis longtemps par des textes cohérents conformes à la clarté de leur statut et de leur activité.
Mais la question du commentateur revêt néanmoins une certaine pertinence, tant il est vrai que parmi les journalistes, rares sont ceux qui aujourd’hui abordent certains sujets liés notamment au degré de professionnalisme et aux carences et lacunes d’un terrain médiatique encore truffé d’incohérences, d’insuffisances et de paradoxes divers. On se souvient notamment de ce fameux projet de «Maison de la presse», présenté il y a déjà plus de vingt ans et qui devait être un véritable «centre des médias» moderne et digne du rang, du statut et des ambitions de la capitale oranaise.
Un projet évoqué et revendiqué chaque année par les membres de la corporation, mais qui depuis ces dernières années semble de plus en plus abandonné et enterré dans les oubliettes de l’administration locale.
Mais la majorité des responsables locaux de passage semblent considérer qu’un projet de «maison de presse» pour Oran ne sert au final que d’effet d’annonce permettant de crédibiliser les discours et les engagements portant sur d’autres projets de développement prioritaires. Seul l’ancien wali d’Oran, M. Mouloud Chérifi, gardera le mérite d’avoir signé un arrêté portant affectation d’un local existant, l’ancien siège de l’Organisation des moudjahidine situé au centre ville, au profit des journalistes et correspondants exerçant à la wilaya d’Oran. Malheureusement, il semble bien que l’initiative a échoué car rien n’a été entrepris à ce jour pour concrétiser ce projet, ni par les gestionnaires ni par les bénéficiaires concernés.
Par S.Benali