Evênement

Nous y sommes

Le ramadhann nous y sommes. La vie tourne au ralenti, et les routes autrefois chargées se sont vidées comme par enchantement. Il ne reste plus que les taxis, les camions et quelques rares voitures dans ces routes qui, pas plus tard qu’hier, grouillaient de voitures, d’insultes de klaxons et de petits accidents.

Il faut s’en convaincre et se rendre à l’évidence, la vie en ce mois de ramadhan ne commence à prendre un semblant de vie que vers les coups de 13/14h. C’est en fait le début de la convergence de milliers de personnes vers les marchés de la ville. Un moment bien particulier et tout à fait différent de tout ce que l’on peut ressentir pendant les 11 autres mois de l’année. Femmes, hommes et même des enfants font leurs emplettes. Ce n’est certes pas les grands achats, car ceux-là ont été fait tout au long de la semaine passée, mais ce sont de petits achats ou plutôt de petites envies qui souvent sont le gros de tout ce que l’on connaît comme gaspillage en ce mois sacré.

Les hommes notamment se multiplient à faire les chaînes un peu partout. Chez le boulanger, chez le marchand de fruits et légumes, chez le vendeur de zlabia, ou celui des produits laitiers. Comme dans un état second, on se déplace d’un endroit à un autre et on ne fait presque plus attention à son porte monnaie. On sort sans compter et on se laisse guider par une envie que l’on n’arrive plus à canaliser.

Pourtant ce sont ces mêmes personnes qui, hier lucides, trouvaient que la vie est trop chère, que leur pouvoir d’achat s’est singulièrement érodé ces derniers temps. Mais qui, en ce premier jour de ramadhan, envahissent les marchés et dépensent à outrance. Et le symbole de ce gaspillage reste le pain. Au sortir des boulangeries, les gens portent à tour de bras, des quantités effarantes de pain. Des pains de toutes sortes et de tous poids. Des pains qui finiront pour la plupart dans les bacs à ordures. Un triste et coûteux rituel qui va se répéter tout au long des 30 jours que compte le mois de ramadhan. Et à cela on n’y peut rien. On est impuissant sans trop savoir pourquoi. Une folie collective et une consommation boulimique qui traversent tout le pays d’est en ouest et du nord au sud.

Le gaspillage en ce mois de ramadhan devient un sport national, et tout se fait dans la démesure. Cette année avec le retour à une vie proche de la normale, les gens ont plus de temps d’apprécier les choses, car il ne faut pas oublier que l’année dernière marquait le début de la pandémie de la covid-19, et toute la peur qu’elle avait imposée. Le confinement qui touchait tout le territoire national imposait à tout le monde de regagner son chez soi à 15 heures de l’après midi. Cette année ce n’est plus le cas et les choses ont bien évolué. Donc on aura plus de temps pour les marchés et les achats superflus. Un bouleversement.
Par Abdelmadjid Blidi

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