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Alors que des négociations seraient attendues à la frontière ukraino-bélarusse:
Poutine agite la «force de dissuasion» nucléaire

Le coup de sang de Moscou trouve aussi son explication dans les décisions en série que prennent les Européens à titre individuel et collectif. Ainsi, de l’Allemagne à la Suède, en passant par la France et l’Italie, les pays européens ont décidé de fermer leur espace aérien aux compagnies russes.

Alors que l’on percevait, hier, dans la matinée, des signaux de bonne volonté en rapport avec l’ouverture probable de négociations, le président russe Vladimir Poutine a fait une annonce susceptible d’augmenter la tension autour de la guerre en Ukraine. Il a ordonné en fin de matinée, la mise en alerte de la «force de dissuasion» de l’armée russe. Les spécialistes de concepts militaires disent que cette force peut comprendre une composante nucléaire. «J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat», a déclaré M. Poutine lors d’un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision. Est-ce un propos dissuasif destiné aux alliés de l’Ukraine qui ont promis des armes à profusion à Kiev, ou y a-t-il dans l’instruction du président russe une volonté d’en découdre avec l’Otan ? Cette question que les observateurs se posent légitimement trouve une partie de sa réponse dans l’affirmation de Vladimir Poutine qui explique son geste par les «déclarations belliqueuses de l’Otan» envers la Russie. En effet, les présidents des pays membres de l’Otan ont multiplié, ces derniers jours, les déclarations franchement hostiles à la Russie, sortant parfois du cadre diplomatique, allant jusqu’à appeler les Européens à se joindre à l’armée ukrainienne pour combattre les militaires russes.
Outre le discours guerrier des Occidentaux, le président Poutine a critiqué les sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie pour son invasion de l’Ukraine, selon lui «illégitimes». Les forces de dissuasion russes sont un ensemble d’unités dont le but est de décourager une attaque contre la Russie, «y compris en cas de guerre impliquant l’utilisation d’armes nucléaires», selon le ministère de la Défense. Ces forces sont équipées de missiles, de bombardiers stratégiques, de sous-marins et de navires de surface. Sur le plan défensif, elles comprennent un bouclier anti-missile, des systèmes de contrôle spatiaux, de défense antiaérienne et antisatellite.
Le coup de sang de Moscou trouve aussi son explication dans les décisions en série que prennent les Européens à titre individuel et collectif. Ainsi, de l’Allemagne à la Suède, en passant par la France et l’Italie, les pays européens ont décidé de fermer leur espace aérien aux compagnies russes. «En Europe, le ciel est ouvert (…) à ceux qui connectent les peuples, pas à ceux qui commettent des agressions brutales», a indiqué sur Twitter le Premier ministre belge Alexander De Croo, comme pour résumer la décision d’isolement de la Russie. «Il n’y a pas de place dans l’espace aérien néerlandais pour un régime qui applique une violence inutile et brutale», a souligné de son côté le ministre hollandais de l’Infrastructure, Mark Harbers. La réaction de la Russie ne s’est pas faite attendre, Moscou a interdit le survol de son territoire aux avions liés aux pays européens ayant annoncé de telles décisions ces derniers jours, comme le Royaume-Uni, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, la Slovénie, la Bulgarie, la Pologne et la République tchèque.
Cette poussée de fièvre n’empêche pas la diplomatie de faire entendre sa voix. Aussi, malgré les combats qui se déroulent aux portes de Kiev et dans d’autres villes du pays, la présidence de l’Ukraine a indiqué hier avoir accepté des pourparlers avec la Russie. Les négociations devraient se dérouler à la frontière avec le Bélarus, près de Tchernobyl. Cette issue probable est le fruit d’une médiation engagée par le président bélarusse Alexandre Loukachenko. «La délégation ukrainienne rencontrera la (délégation) russe sans fixer de conditions préalables sur la frontière ukraino-bélarusse, dans la région de la rivière Pripiat», a déclaré la présidence sur les réseaux sociaux. Suite à l’annonce, le Kremlin a annoncé l’arrivée d’une délégation russe dans la ville biélorusse de Gomel afin d’entamer des négociations avec les Ukrainiens.
Cette éclaircie n’occulte pas les horreurs de la guerre avec son lot de déplacés et ses morts. A ce propos, on retiendra le chiffre de l’Onu qui évoque 64 civils tués depuis le début de l’opération militaire.
A l’instar de nombreux autres pays, l’Algérie compte des dizaines de compatriotes établis en Ukraine. Le ministère des Affaires étrangères a appelé, dans un communiqué, les membres de la communauté nationale à rester en contact permanent avec l’ambassade d’Algérie à Kiev pour la coordination nécessaire face aux développements de la situation dans ce pays qui exigent une extrême prudence.
«Dans le cadre de son suivi continu de la situation de la communauté nationale en Ukraine, et devant la détérioration de la situation sécuritaire, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger appelle les citoyens encore présents en Ukraine à rester en contact permanent avec l’ambassade d’Algérie à Kiev pour la coordination nécessaire face aux développement de la situation qui exigent une extrême prudence», a précisé le communiqué. «Pour les Algériens ayant traversé les frontières ukrainiennes à destination de la Pologne et de la Roumanie, le ministère les invite à prendre attache avec l’ambassade d’Algérie à Varsovie.
Nadera Belkacemi

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