Préservation du Patrimoine : laxisme et promesses sans lendemain
Les responsables du musée Ahmed Zabana ont organisé la semaine dernière une intéressante exposition sur la protection du patrimoine culturel et la gestion des risques divers. Les organisateurs ont présenté une série d’affiches sur les différents types de risques pouvant menacer les musées et les monuments , notamment les catastrophes naturelles, les changements climatiques et les agressions humaines telles que le vol de divers éléments, les guerres, les incendies et d’autres menaces pouvant conduire à la dégradation, la détérioration, voire la destruction de l’édifice ou des œuvres d’art recensées au patrimoine historique, culturel ou architectural. Cette exposition, organisée à l’occasion de la journée internationale des musées, se poursuivra jusqu’au 18 mai prochain, avait pour ambition de sensibiliser et d’informer le grand public sur les questions liées aux mécanismes opérationnels de préservation.
Notamment en ce qui concerne le fonctionnement et les missions du musée, axées sur la préservation des collections stockées ou exposées au grand public. Pour cela, le musée adopte et met en œuvre des mesures préventives et des procédures spécifiques permettant de faire face à tout risque , naturel ou humain, d’atteinte au bon état du patrimoine.
Il est certes intéressant pour le public d’avoir un aperçu global sur les méthodes de gestion et de conservation des pièces de musée répertoriés dans des fichiers classiques et dans un inventaire numérisé, ou sur les techniques d’absorption de l’humidité, de détection de fumées, ou de stabilité des températures ambiantes. Mais à entendre les réflexions et commentaires de quelques visiteurs sortant de l’exposition, et de certaines remarques pertinentes publiées sur les réseaux sociaux, cette action inscrite au programme de célébration du patrimoine est loin de répondre aux attentes et aux questionnements de l’opinion oranaise.
La préservation du patrimoine culturel et historique de la ville est, depuis des lustres, un secteur d’activité critiqué et pointé du doigt pour ses nombreuses failles et carences de gestion visibles à travers plusieurs dossiers non résolus, en instance parfois depuis des décennies. La célèbre mosquée du Pacha et le Palais du Bey sont les deux monuments illustrant on ne peut mieux le laxisme et le renoncement ayant conduit à l’état des lieux déplorables connu actuellement. L’intérieur de l’édifice abritant le siège de la belle mairie aux deux lions est depuis plus d’une décennie dans en état de délabrement avancé.
Au delà de la crédibilité des discours et de la sincérité des engagements des différents acteurs impliqués chaque année dans la préservation du patrimoine culturel oranais, il faut bien admettre que trop souvent, les rencontres, expositions, et manifestations organisées au chevet du patrimoine sont bien loin de suffire à améliorer l’état des lieux gangrené par le laxisme, le renoncement, les promesses sans lendemain, et parfois les inepties et les dérives commises en toute imputé. Ainsi va Oran.
Par S.Benali