A la uneOran

Prix inaccessibles des moutons dans les marchés à bétail : tout le monde se rejette la responsabilité

A quelques jours d’Aid El Adha, la question des prix du mouton revient avec insistance sur tous les médias et sur les réseaux sociaux, où des vidéos filmés au niveau des marchés à bétails, sont partagés quotidiennement .

A Oran, plus d’une trentaine de points de vente ont été ouverts pour permettre aux citoyens d’acheter leurs moutons de sacrifice. Des citoyens rencontrés, avant-hier au marché d’El Hassi, ont été surpris par les prix annoncés.  » Les prix se sont envolés, ce n’est pas possible. Le mouton qui coûtait 40.000 da l’année dernière est cédé actuellement à 60.000 da voire plus » nous dit un citoyen.
Un autre a dénoncé cette situation, affirmant que « cette année beaucoup ne pourront pas accomplir cette sounna à cause de l’envolée des prix ».
Dans ce marché et dans le marché de la localité d’Ain El Beida, chacun rejette la responsabilité sur l’autre . Entre éleveurs, intermédiaires, revendeurs et citoyens , il est difficile de trouver une entente sur les causes de l’augmentation.  » Il faut compter plus de 90.000 pour avoir un mouton pour une grande famille, les prix augmentent d’année en année et tout le monde se rejette la responsabilité, on ne sait pas à quel saint se vouer » nous dira un citoyen rencontré à Ain El Beida, qui avec un montant de 45.000 da n’a pas trouvé grande chose.
Pour un éleveur rencontré sur place, la question du prix de l’aliment du bétail est la principale cause,  » le jour où l’Etat va contrôler le marché du son et réguler les prix de l’orge, ce jour-là, la situation pourra s’améliorer. Personne ne vient en aide à l’éleveur, nous sommes perdus dans nos fermes tout au long de l’ année. C’est à l’approche de l’Aïd El Adha qu’on parle enfin de nous, en nous faisant porter l’entière responsabilité des augmentations. Ce n’est pas logique, nous ne sommes qu’un maillon dans une longue chaîne envahie par les spéculateurs, les intermédiaires et les revendeurs » nous dira-t-il.


Dans ce marché, beaucoup de revendeurs sont aperçus sur place, ils ont profité de l’occasion pour acheter les moutons des wilayas des Hauts Plateaux ou même à Oran pour les revendre avec un bénéfice qui peut atteindre 2 millions de cts, pour les moutons âgés de deux ans et plus surnommé «  Selàa Khechina« .  » Il y a beaucoup d’intermédiaires ici, chacun profite de l’occasion pour faire le maximum de profit et le perdant dans tout ça c’est le citoyen. L’éleveur a besoin du revendeur et l’intermédiaire pour vendre son bétail mais de l’autre côté pas de pitié envers le citoyen » nous dira un père de famille.

Notons que selon un spécialiste dans le domaine du bétail, les intermédiaires sont scindés en plusieurs groupes. ils peuvent être des employés, des commerçants sans aucune formation préalable, il faut juste avoir une importante somme d’argent.  » Il y a ceux qui achètent les moutons deux mois avant l’Aïd, pour les faire grossir ensuite et les revendre . D’autres au jour le jour dans le même marché, ils achètent et revendent tout au long de la journée, d’autres louent des hangars ou des garages dans des villas pour revendre des moutons amenés d’autres wilayas. A cette phase la présence des éleveurs est absente » nous dira-t-il. Ce spécialiste n’a pas mâché ses mots en affirmant que dans ce commerce  » il y a beaucoup de mensonges. Tout le monde a du profit dans ce cycle, l’éleveur comme l’intermédiaire tiennent chaque année le même discours, mais au final l’année prochaine, ils seront encore là » . Il explique la méthode de quelques éleveurs. « Ils ramènent les moutons de plus de deux ans dans un premier temps pour les vendre à plus de 100.000 da, pour faire le maximum de profit, après à quelques jours de l’Aïd El Adha, il leur reste les moutons entre 6 mois et un an et demi dont le prix ne dépasse pas les 70000 da. Leurs prix baissent à la veille de l’Aïd de quelques milliers de dinars. Mais cela n’affecte pas l’éleveur parce qu’il a déjà eu du profit auparavant et il baisse les prix pour ne pas retourner dans sa wilaya avec du bétail qui lui coûtera encore d’aliments pour une année supplémentaire. A la veille de l’Aïd, il est difficile de trouver des moutons de deux ans et plus, parce qu’ils sont écoulés des semaines avant l’Aïd » dira-t-il, avant d’ajouter « les éleveurs ont également d’autres opportunités pour écouler leurs moutons que ce soit dans les marchés hebdomadaires ou en période de mariages ou au retour des hadjis des Lieux Saints de l’islam. Le marché nécessite une étude approfondie pour réguler les points faibles, et permettre à un grand nombre de citoyens de faire le sacrifice de l’Aïd El Adha » suggère notre interlocuteur.

Fethi Mohamed

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page