Retards, improvisations et culture des inepties
En Septembre 2019, il y a plus de trois ans, la directrice locale de l’environnement en poste à l’époque avait déclaré à l’APS que le ministère de tutelle avait alloué une enveloppe de 100 millions DA pour le projet d’aménagement du site de Dayat Morsli, plus connu à Oran sous le nom de «P’tit lac». La responsable concernée avait indiqué que cette zone humide, dite aussi la « Sebkha d’Oran », couvrant une superficie de 50 hectares, allait bénéficier d’un projet de réhabilitation permettant d’en faire un site «éco-touristique», de loisirs , de pratique sportive et de recherche scientifique.
«La Sebkha d’Oran qui accueille plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs comme le flamant rose sera valorisée et préservée grâce à une série d’actions et d’opérations déjà inscrites dans une étude de projet réalisée en 2011… ». Il y a donc près de quinze ans ! Une étude de projet intéressante comportant plusieurs volets dont le bornage, la clôture des zones de nidification, la réalisation d’une piste cyclable et d’un observatoire d’oiseaux, et surtout la dépollution du site par l’éradication des rejets des eaux usées domestiques et industrielles. On sait malheureusement que rien n’a été concrétisé à ce jour. Et même le grave problème de pollution par le rejet des eaux usées n’a pas été réglé, malgré la mise en service en 2009 d’une station d’épuration à El Kerma. Il y a moins d’un mois, le 8 mai 2023, le site de Dhaya Morsli, «le P’ti lac» d’Oran, a de nouveau été évoqué, cette fois par le wali d’Oran qui a annoncé à son tour le lancement d’un grandiose projet éco-touristique et scientifique avec la réalisation d’un centre dédié exclusivement à l’université et à la recherche.
Beaucoup parmi les Oranais les plus âgés au courant du long et scabreux parcours de ce site abandonné à tous les fléaux et devant être protégé, ont vite fait de classer cette énième annonce au registre des promesses sans lendemain servant au seul culte des illusions. Sans nier ou vouloir remettre en cause la sincérité des engagements et les efforts indéniables menés par les pouvoirs publics pour assainir le terrain social et urbain de toutes ses turpitudes, on ne peut, en toute logique, que tomber dans le marasme et le pessimisme chronique face aux échecs et aux renoncements cumulés à Oran depuis plus d’un demi-siècle.
Tandis que d’autres villes méditerranéennes grandissent et se développent en s’intégrant efficacement aux enjeux de la modernité et du progrès social, Oran reste encore pénalisée par les retards, les improvisations et la culture des inepties. Malgré les crédits consommés chaque année, rien ne semble arrêter la régression urbaine dans bon nombre de cités et de quartiers.
Par S.Benali