Retards, inepties et improvisations…
Loin d’être naïfs ou amnésiques, les oranais anonymes, parmi les plus âgés, se souviendront toujours de ces nombreuses tentatives coûteuses de replâtrage érigées ici et là en «sublime modèle » de gestion du cadre urbain et des préoccupations collectives des habitants. Qu’il s’agisse de la maintenance des chaussées et des trottoirs, de l’éclairage public, de la collecte rigoureuse des déchets ménagers, de l’entretien des espaces verts, du transport et de la circulation, de l’environnement et de la pollution marine par les eaux usées, de la gestion du patrimoine foncier, ou encore de la préservation des sites et monuments, de nombreux exemples peuvent être cités pour illustrer la fatalité des échecs, des retards et des grands tâtonnements érigés parfois en «exploits» devant être salués et applaudis.
Souvent, le chroniqueur est interpellé par un élu local ou un responsable de secteur qui lui reproche de n’évoquer dans ses écrits que les «trains qui arrivent en retard» et de «jamais parler des « avancées et de ce qui marche bien dans la gestion des affaires locales». Un débat connu par les professionnels de la presse indépendante dont le métier est évidemment de donner aux citoyens des informations justes et objectives sur tel ou tel événement marquant l’actualité locale ou nationale.
Il est vrai qu’Oran et sa région ont connu depuis ces trente dernières années un développement jamais égalé en matière d’infrastructures et d’équipements dans tous les secteurs d’activité. Des hôpitaux, des autoroutes périphériques, de grands Hôtels, des écoles et lycées, des pôles universitaires, des usines et des complexes industriels, et même un tramway et une grande usine de dessalement d’eau de mer permettant de réduire les pénuries en eau potable dans les robinets oranais qui ne connaissaient jadis que l’eau saumâtre quand il y en avait… Aucune de ces glorieuses avancées n’a été occultée par la presse locale. Mais les commentateurs avisés ne pouvaient faire l’impasse sur les carences et les insuffisances criardes d’un système global de gestion et de suivi des grandes affaires locales marqué, il faut bien l’admettre, par des échecs, des renoncements et des dérives de plus en plus fréquentes.
La wilaya d’Oran détient à ce jour le record du nombre de maires et d’élus gestionnaires interpellés par la justice et parfois placés en détention pour des affaires de détournement ou de dilapidation de deniers publics. Oran, selon des observateurs, reste classée parmi les dix agglomérations les plus sales et les moins entretenues du pays. Oran, ville joyeuse, belle et attractive est également connue pour être une des plus grandes plateformes de transit et de trafic de Kif traité, de psychotropes et de réseaux mafieux au service des candidats à la Harga suicidaire. Oran, comme l’ont déclaré presque tous les walis qui se sont succédés à son chevet, est une «wilaya très difficile à gérer» en raison des mentalités, des pratiques et des comportements de bon nombre d’acteurs-prédateurs venus de tous les coins du pays et qui ne reculent devant rien pour s’enrichir rapidement et illicitement.
On ne peut aimer, chérir, et défendre cette ville en faisant l’impasse sur «tout ce qui ne marche pas» et se gargariser dans les seuls éloges des acquis et même des inepties et des improvisations souvent inscrites dans la course à la consommation des crédits…
Par S.Benali