Oran Aujourd'hui

Les paradoxes de la démolition des immeubles en ruine

Selon les services de la wilaya, les assiettes foncières récupérées après démolition des immeubles menaçant ruine situés dans les vieux quartiers de la ville représentent une superficie globale de près de 100 hectares. De son côté, le Centre de contrôle technique de la construction, le CTC a indiqué dans un récent rapport que près de 700 immeubles menaçant ruine, classés en catégorie rouge, restent encore à démolir. Ce qui représente un supplément de surfaces foncières récupérable non négligeable. Mais selon des militants pour la défense et la préservation du patrimoine architectural de la ville, notamment de son quartier historique le plus fragilisé, Sidi El Houari, la démolition systématique du vieux bâti en ruine ne serait pas la meilleure option à retenir. «Bon nombre d’immeubles doivent être sauvegardés pour leur intérêt architectural ou historique» soulignent les défenseurs du patrimoine immobilier qui dénoncent des «pressions exercées par des lobbies proches des promotions immobilières pour gagner des assiettes foncières par la démolition de vieux immeubles au lieu de leur restauration». Mais ce vieux débat sur l’utilisation du foncier et l’aménagement urbain de la ville n’est surtout animé que par des acteurs sociaux et des sphères associatives qui persistent à croire que le système de gouvernance locale serait foncièrement opposé à toute option de sauvegarde et de restauration de ce qui doit être préservé. Il est vrai que depuis plus de quarante ans, tous les projets et initiatives visant à réhabiliter et sauvegarder le vieux quartier de Sidi El Houari ont abouti à un cuisant échec, résultat du laxisme, de l’incompétence et de la prédation organisée au chevet de la ville d’Oran. Déclaré il n’y a pas longtemps «périmètre à sauvegarder» bénéficiant encore une fois d’un modeste budget consacré à l’étude d’aménagement , le quartier de Sidi El Houari a de nouveau été marginalisé et privé de tout financement permettant de lancer cette étude. D’autres observateurs estiment cependant que la réhabilitation du quartier de Sidi El Houari est depuis longtemps compromise par la politique des replatrages et des improvisations permanentes qui ont fatalement abouti à l’état des lieux lamentable que l’on connaît. Même les monuments historiques, à l’image de la mosquée du Pacha et du Palais du Bey, ne cessent encore d’être menacés de totale dégradation. Par ailleurs, pour éviter le squat permanent et anarchique des vieux immeubles en ruine, les habitants du vieux quartier réclament eux-même la démolition des vieilles bâtisses occupées. Une démolition qui est souvent freinée par des problèmes techniques liés à la configuration des constructions qui s’appuient les unes sur les autres. Au final, démolir et aménager rapidement les espaces récupérés en respectant au mieux l’architecture et l’image du quartier reste la meilleure, voire la seule option disponible. Tout le reste n’est que littérature…
Par S.Benali

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