Oran

«Sidi El Bahri», Saint patron de la ville d’Aïn El Türck : un patrimoine cultuel «gommé» de la mémoire collective

L’imaginaire collectif, du moins chez les plus jeunes des habitants de la commune d’Aïn El Türck, oublie désormais jusqu’à l’existence d’un Saint Patron de la ville, en l’occurrence, « Sidi El Bahri », cloitré depuis plusieurs années entre quatre murs dans une habitation détenue par un particulier.

Il est tout aussi loin le temps où, les riverains tout autant que les visiteurs, faisaient une halte au mausolée pour saluer sa mémoire et solliciter sa bénédiction et, une fois l’an, organiser une fête traditionnelle patronale communément appelée « waâda » pour lui rendre hommage. La célébration, raconteront les anciens, attirait une foule nombreuse et durait presque la semaine entière, durant laquelle il était entonné à travers des veilléesdes chants liturgiques et des plats de couscous servis aux habitants comme aux passagers, l’ornement de la sépulture et parfois des processions pour se rendre au mausolée, sous la grâce d’une confrérie religieuse, accompagnée de femmes et enfants. Il est vrai que même s’il était vénéré, peu d’informations jalonnent le parcours du Saint de Patron de la ville, débarqué quelques siècles auparavant dans la commune d’Aïn El Türck, probablement vers le 16 ou 17ème siècle et était considéré comme étant un homme profondément pieu, d’une grande richesse intellectuelle et d’un pouvoir bienfaiteur sans limite. Et ce n’est guère un hasard si beaucoup de familles de la corniche oranaise, ont donné le prénom de « Bahri » à leur progéniture, par dévotion au saint homme. Le mausolée, situé non loin de la place du 20 août 1955 sur la route principale menant vers l’ex CREPS et la plage des Dunes de Cap Falcon, est attenant à une aile de l’habitation acquise par le nouveau propriétaire et aurait même été, selon quelques informations, réhabilité, mais demeure interdit aux visites. La question que se posent aujourd’hui les autochtones, est celle de savoir quel sera le sort futur du mausolée, et s’il ne faudrait pas l’inscrire au patrimoine cultuel de la commune, comme cela est le cas pour les Saints Patrons de la ville d’Oran afin de le réhabiliter dans sa vocation initiale et le rendre accessible au grand public. Il échoit donc, à l’APC d’Aïn El Türck, en tant que garante des biens matériels et immatériels de la ville, de trouver le compromis juridique.
Karim Bennacef

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