Transport de voyageurs: Le culte des improvisations…
Depuis mardi dernier, les opérateurs de transport de voyageurs inter-wilayas sont en grève, provoquant la colère des usagers pris au piège à la gare routière El Bahia. La grève est observée pour réclamer le gel d’un arrêté de la wilaya portant délocalisation de certaines destinations vers la gare routière de Haï Es-Sabah. Même si le transport inter-wilayas est interdit le week-end en raison de la situation sanitaire et des mesures prises pour lutter contre l’épidémie, bon nombre de citoyens utilisent les réseaux sociaux pour demander aux autorités locales de mettre en œuvre des solutions afin de lever les désagréments et de répondre aux attentes des usagers. Car avec cette grève illimitée qui paralyse le transport inter-wilayas, nombreux sont ceux qui ne peuvent se rabattre sur les taxis pour rejoindre chaque jour leur lieu de travail situé dans une proche wilaya voisine, comme Mostaganem, Bel Abbés, ou AIn Témouchent. Selon les commentaires sur les réseaux sociaux, aucun responsable n’a daigné se déplacer à la gare El Bahia pour rencontrer et expliquer aux usagers les raisons de cette grève, ses origines et ses contours. Et au passage s’excuser pour les désagréments causés aux citoyens concernés. De leur côté, les transporteurs dénoncent également l’absence totale de dialogue et de concertation avec les responsables concernés qui affichent «un silence ressemblant à du mépris» envers leur revendications qu’ils jugent légitimes. L’arrêté de wilaya, qui fixe le transfert de certaines destinations comme Mostaganem, Sidi Bel Abbès, Relizane vers la nouvelle gare routière de Haï Es-Sabah, est fermement rejeté et refusé par les exploitants de ces lignes qui, depuis toujours d’ailleurs, refusent toute délocalisation hors de cette fameuse gare privée d’El Bahia construite dans d’obscures conditions d’études d’implantation et d’intégration urbaine. Selon l’arrêté, seules les destinations de longs trajets resteront domiciliées à la gare d’El Bahia, ce qui permettra de «désencombrer» l’accès à cette enceinte située en bordure du 3éme périphérique au rond point du même nom El Bahia. Mais les arguments des transporteurs, qui réclament une seule gare pour toutes les lignes de bus, comme c’est le cas à Alger et dans bien d’autres métropoles, semblent eux aussi justifiés et répondent d’ailleurs à l’exposé des motifs à l’origine de la délocalisation des anciennes gares routières des Castors, d’El Hamri et de Yaghmoracen vers celle d’El Bahia… On ne peut, encore une fois, que déplorer le déficit de réflexion et d’efficacité dans la mise en œuvre d’un plan et d’une politique de transport public. Un dossier qui depuis près de quarante ans demeure toujours en instance, marqué par des improvisations et des solutions provisoires le plus souvent rejetées par les acteurs sociaux concernés. Ainsi va Oran.
Par S.Benali