Un défi historique à relever
L’énergie fossile continue d’être le nerf de l’économie mondiale. Dans un monde où le consommer, le stocker et le transformer restent des métiers d’anticipation, « les hydrocarbures demeurent le socle sur lequel s’ancre la production industrielle, les chaînes logistiques et les équilibres géopolitiques». C’est une conviction d’experts qui savent la portée et la capacité réelle des énergies renouvelables. En effet, les appels à une transition rapide vers le vert, sont freinés par les données avancées par l’Agence internationale de l’Energie. Son dernier rapport fait ressortir que les déclins de production des gisements existants exigent des investissements massifs dans les nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’enjeu sera d’éviter des pénuries et des chocs de prix qui pourraient fragiliser l’économie mondiale. C’est dire que l’énergie fossile, dont l’Algérie est l’un des détenteurs, demeure encore la clé du système productif. Dans ce contexte, fragilisé par un discours décliniste qui s’acharne sur les hydrocarbures, l’attention se porte aussi sur les grands vecteurs régionaux qui alimentent le marché mondial.
L’Algérie, avec ses réserves de gaz parmi les plus importantes du continent, occupe une place stratégique. Son gaz est le maillon clé des approvisionnements européens, notamment depuis la rupture avec la Russie, opérée par les pays de l’Union européenne. De fait, le gaz algérien devient un levier majeur de l’économie euro-méditerranéenne. L’effort de décarbonation avec le fameux H2 Corridor, un Pipe transportant l’hydrogène vert de l’Algérie vers l’Europe, est important, mais demeure encore un appoint pour l’Europe. Et pour cause, les chiffres officiels placent l’Algérie parmi les principaux fournisseurs du Vieux continent, grâce à une production et une capacité d’exportation qui restent soutenues par des ressources gazières considérables. Laquelle capacité sera triplée après la finalisation du Gazoduc transsaharien Nigeria-Algérie. Cette perspective résout en partie la problématique de l’approvisionnement, en attendant la hausse des réserves attendue. En cela, il y a lieu de relever des signaux récents reposant sur des alliances stratégiques avec des majors et des partenariats internationaux visant à étendre l’exploration, l’évaluation et le développement des ressources gazières.
En nouant des partenariats avec des géants mondiaux, l’Algérie cherche à transformer une richesse naturelle en valeur économique durable et à renforcer sa position dans un marché international où la demande demeure robuste, malgré les appels à la décarbonation. Dans ce paysage, l’énergie fossile demeure un pilier, mais son évolution dépendra de la capacité à conjuguer investissement, technologie et stabilité des cadres d’exploitation. Le monde regarde l’Algérie non seulement comme un fournisseur, mais comme un hub potentiel d’innovation et de résilience énergétique. Un défi historique à relever.
Par Nabil.G