A la uneEvênement

Un pays surendetté, une société appauvrie et humiliée : le Maroc sur un volcan

Une étude très récente classe le Maroc comme le pays le plus inégalitaire de la planète. La distribution des richesses ne profite qu’aux 10% les plus riches. Le reste de la composante humaine du royaume ne dispose d’aucune sorte de filet social, susceptible de réduire la souffrance des plus pauvres.

A la limite de la cessation de paiement, le Maroc est un pays au bord du gouffre. Cette déclaration émanant d’un collège d’experts économique renvoie à une situation socioéconomique des plus détestables. Des poussées de fièvres sociales en raison de l’inflation, de l’indisponibilité de certains produits de large consommation, paupérisation dramatique de pans entiers de la société, le royaume est un véritable chaudron et le gouvernement ne dispose d’aucun moyen pour faire baisser la température. Et pour cause, la dette extérieure du Maroc a atteint un niveau inquiétant avec plus de 65,41 milliards de dollars à fin 2021, faisant de lui le 5ème pays africain le plus endetté, selon un rapport de la Banque mondiale (BM) sur la dette extérieure. La dette extérieure du Maroc n’a pas cessé d’augmenter depuis 2010, où elle était déjà estimée à 27,29 milliards de dollars. En 2017 elle a complètement doublé en atteignant 54,99 milliards de dollars, pour passer à 65,72 milliards de dollars en 2020 et à 65,41 en 2021, lit-on dans le même rapport. Le Maroc arrive, selon ce classement, derrière l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigéria et l’Angola.
L’incapacité de remédier à la crise est également fonction du système lui-même qui, disent les experts, produit de la misère. En effet, il faut savoir qu’une étude très récente classe le Maroc comme le pays le plus inégalitaire de la planète. La distribution des richesses ne profite qu’aux 10% les plus riches. Le reste de la composante humaine du royaume ne dispose d’aucune sorte de filet social, susceptible de réduire la souffrance des plus pauvres.
Cette état de fait, aggravé par les impacts de la crise économique mondiale, s’en trouve décuplé par le sentiment de mépris que ressentent les Marocains à leur égard par un pouvoir qui a normalisé avec Israël au delà de tout entendement. Cette triple agression contre la dignité du peuple fait réagir ce qui reste de la société civile qui tente régulièrement des manifestations contre la pauvreté et contre la normalisation avec l’entité sioniste. Mais cette réaction civilisée, souvent durement réprimée par les forces de sécurité du Palais, laisse la place à un phénomène très inquiétant et qui semble ne pas concerner les autorités du pays, trop concentré sur le Sahara occidental et le renforcement des liens avec Israël.
Le phénomène en question est en rapport avec des agressions racistes commises par des bandes de délinquants contre des migrants africains. En effet, des bandes criminelles s’attaquent régulièrement, ces derniers jours, à des migrants soudanais. La ville de Casablanca a été le théâtre de l’un de ses raides à l’arme blanche, «faisant plusieurs blessés, sans aucune intervention des autorités», a indiqué l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH). L’association marocaine qui a condamné ces attaques répétées, a diffusé sur sa page Facebook une vidéo d’une marche organisée par des immigrés soudanais à Casablanca pour protester contre ces attaques criminelles et racistes, scandant des slogans contre le racisme et arborant des pancartes sur lesquelles pouvait-on lire «Non au racisme, Non à la discrimination, Non à la violence». En juin dernier, des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont été sauvagement tués par la police marocaine lorsqu’environ 2.000 d’entre eux ont tenté de passer la frontière entre Nador (Maroc) et Melilla (Espagne).
Ces graves dérapages, qui annoncent un chaos, a été documenté par un journal français qui a décrit une crise économique et sociale sans précédent au Maroc, dans un reportage. «Des gens se suicident car ils ne peuvent plus payer leurs dettes», lit-on dans le journal français qui cite les témoignages de plusieurs Marocains se plaignant du coût de la vie, devenu «très difficile» dans le Royaume.
Anissa Mesdouf

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page