Une entreprise en crise de gestion chronique
En marge de sa visite de travail dimanche dernier à la wilaya d’Oran, le ministre des Transports Youcef Chorfa s’est penché sur la situation scabreuse vécue depuis quelque temps par l’entreprise de transport urbain E.T.O. «On va remettre cette société sur pied». a déclaré le ministre aux travailleurs venus l’interpeller sur leur «situation sociale et professionnelle» devenue, selon eux, intenable.
Le ministre, accompagné du wali d’Oran, a écouté leurs doléances, notamment celles concernant le secteur de la maintenance, nécessitant «une disponibilité permanente des pièces de rechange» afin de réparer les centaines de bus immobilisés en raison de pannes diverses et variées. Evoquant cette actualité sur les réseaux sociaux, les mauvaises langues locales ont affiché leur réprobation voire leur indignation, en se demandant en quoi l’intervention d’un ministre de la République est devenue nécessaire pour régler des problèmes de gestion interne d’une entreprise de wilaya qui ne réussit pas à «décoller» malgré les moyens énormes mis à sa disposition.
L’ETO, affirment certains, semble prendre le même chemin que l’ancienne défunte régie communale des transports, la RMTUO, décimée par des pratiques de fonctionnement abjectes et indignes des règles élémentaires de gestion et… de morale. On se souvient en effet de ces vieux scandales liés aux pannes d’autobus provoquées volontairement et au détournement de pièces de rechange revendues un peu plus tard par des réseaux aux contours mafieux. On se souvient de ces grandes querelles, conflits et remous permanents attisés par des membres du syndicat unique de l’ancien régime.
Une époque où aucune règle de gestion rigoureuse, aucune obligation de résultat, ni aucune norme de compétence n’était exigée pour les missions d’encadrement des entreprises et des collectivités locales. Depuis sa création par la wilaya d’Oran il y a une dizaine d’années, l’entreprise ETO a connu plusieurs dirigeants à chaque fois confrontés à des mouvements de grève de travailleurs exigeant le départ du dirigeant nommé aux commandes de l’Entreprise. Les pannes des autobus immobilisés, et les surcharges en personnel administratif, d’exploitation et de maintenance, ont fini par rendre illusoire toute notion de rentabilité et de performance.
Malgré l’injection de crédits pour l’acquisition de nouveaux autocars flambants neufs, l’entreprise de transport d’Oran (ETO) n’a pas cessé de patauger dans le bourbier d’une crise de gestion logistique et financière devenue chronique. Un peu à l’image de tout le secteur du transport à Oran qui souffre depuis toujours d’une anarchie sans limites.
Par S.Benali