Une ville pénalisée par les déficits hérités et les vieux tâtonnements…
On écrivait hier qu’en matière de transport, de circulation et de mobilité urbaine, la wilaya d’Oran cherche encore à ce jour ses équilibres et son meilleur plan. Malgré les efforts indéniables et les engagements des autorités locales en poste depuis quatre ans, la situation du secteur reste pénalisée par des paradoxes, des dysfonctionnements et des incohérences héritées et installées sur le tissu social depuis des années.
Le «gel» des extensions du tramway vers le grand pôle urbain de Belgaid avec ses grandes infrastructures universitaires et sportives, et vers la nouvelle aérogare de l’aéroport international d’Es-sénia ne pouvait que creuser le déficit en matière de moyens de transport et de déplacements urbains. Des déficits et des insuffisances sont également constatés en matière d’organisation des flux de circulation, du stationnement, des arrêts de taxis et des terminus des lignes d’autobus.
Parfois même des dépenses publiques ont été engagées inutilement dans des opérations d’aménagements d’infrastructures de transport, à l’image de certaines présumées gares routières de quartiers inopérantes ou de l’échec consommé de ce fameux quai d’accostage de bateaux censés assurer une «liaison maritime» entre Oran et Ain el Turk.
De grands rond points, comme celui d’El Morched, transformé en «station terminus» sont toujours encombrés par le stationnement de dizaines de cars assurant différentes lignes vers les agglomérations voisines. Malgré les dispositifs annoncés d’implantation et d’organisation de gares routières sur le tissu urbain, rien ou peu de choses sont enregistrées dans ce domaine encore gangréné par des pratiques et des comportements éloignés de toute notion de progrès et de modernité.
Même le fonctionnement de la grande gare routière d’El Bahia a été il n’y pas longtemps pointé du doigt par le wali lui-même lors d’une visite sur les lieux, irrité par le manque de professionnalisme et l’archaïsme des méthodes de gestion, d’entretien, d’accueil des voyageurs et de sécurité. On sait que cette infrastructure, réalisée par un privé qui avait bénéficié d’une concession du terrain durant les tristes années de l’ancien régime de gouvernance, a été longtemps au cœur de vives critiques et polémiques liées à son lieu d’implantation en bordure d’une double voie à grande circulation.
De grands projets de gares multimodales étaient annoncés il y a quelques années, mais inscrits hélas au seul vieux registre des effets d’annonces sur la modernisation de la ville. L’ancien vocable de «nouvelle ville», Wahran El jadida, qui faisait rêver les habitants se résume aujourd’hui à une concentration d’immeubles d’habitat toutes formules confondues, dans un pôle baptisé «Ahmed Zabana» sur le territoire de la commune de Misserghine. Un pôle où les travailleurs résidents, parmi quelque 50 000 habitants, souffrent le calvaire quotidien de l’enclavement, du manque de transport et structures sociales d’accompagnement.
Ce n’est que depuis ces trois dernières années que des projets dans tous les secteurs ont fort heureusement été lancés par le wali en poste, héritier malgré lui des déficits et des vieux tâtonnements.
Par S.Benali