Véritable pan de l’histoire d’Oran : Ed Derb tombe en décrépitude
Grandement réputé pour son aspect pittoresque et son histoire notamment, Ed Derb, ex-quartier israélite, familièrement connu autrefois sous l’appellation de Deb lihoud, tombe en décrépitude ruine dans une insolente indifférence des uns et des autres.
Ses habitants, dont grand nombre d’entre eux y sont nés et y ont grandi, semblent s’être résignés à leur piètre sort. Une résignation apathique, qui, cependant, ne les empêche pas d’épiloguer sur un ton sarcastique à propos des raisons, qui sont directement à l’origine de la cruelle décadence de leur lieu de résidence. « Les opérations de démolition constituent malheureusement et essentiellement pour certains responsables la formule la plus aisée. L’absence, en toute probabilité, d’un esprit créatif à même de se pencher sérieusement sur le lancement d’une grande opération de réhabilitation de ce vieux quartier populaire, pèse lamentablement sur la balance des décisions. Il est encore temps de tenter un tant soit peu de sauver ce qui reste des branlants meubles », a commenté en substance avec une humeur un vieux cordonnier, de la rue commerçante Daho Kadda, anciennement rue d’Austerlitz, avant d’ajouter avec amertume « je suis né dans cet ex-quartier israélite et j’y demeure toujours dans une petite habitation datant de plusieurs siècles que j’ai restauré en consentant de grands sacrifices financiers. Je ne la vendrais jamais même pour tout l’or du monde. Aussi loin que remonte mes souvenirs, aucune opération de restauration n’a ciblé Ed Derb, que l’on qualifie de vieux bâti, qualificatif synonyme pour certains d’irrécupérable et par conséquent donc à mettre aux oubliettes». Un autre vieil riverain de la rue de Wagram a déploré « d’anciens habitants de notre quartier installés à l’étranger n’ont pu retenir leurs larmes en constatant lors d’une visite le piteux état de leur lieu d’enfance, qui est gangrénée par la décrépitude urbaine. Ils étaient consternés par l’absurde indifférence face à la dégradation de ce prestigieux quartier et l’absence de réaction. La pagnoterie dont ont fait preuve les concernés par ce volet a engendré sa décadence et à causé l’effondrement de plusieurs bâtisses plus que centenaires ». Il importe de signaler que selon des recoupements d’informations glanées auprès des habitants, la revendication de la restauration en amont et en aval de ce quartier mythique, qui relate tout une histoire d’Oran, est unanime. Sédentaires pour la grande majorité et fiers de leur lieu de résidence et de naissance, ils s’opposent avec fanatisme aux opérations de démolition. Répertorié à proximité de l’illustre place du 1er novembre 1954, cet incontournable repère de la ville d’Oran a, dans un passé encore vivace, inspiré nombre de paroliers et de célèbres chanteurs. Hélas aujourd’hui son piètre état désole et l’air ne fait plus la chanson. En somme un lieu historique qui semble vraisemblablement, par rapport à la pénible réalité du terrain, avoir été sacrifié sur l’autel de l’indigence des esprits.
Rachid Boutlélis