«Zouada de Yennayer», sac incontournable pour célébrer le nouvel an amazigh, refait surface
La «Zouada de Yennayer», cette petite bourse en tissu élément fétiche étroitement lié aux rituels et préparatifs de célébration du nouvel an amazigh dans la wilaya d’Oran, absent depuis quelques années lors de la fête de Yennayer en raison de l’invasion des sacs en matière plastique, est revenu au goût du jour.
La Zouada, qui refait son apparition lors du nouvel an amazigh 2973, est désormais exposée dans les étals des marchés aux côtés des différents fruits secs, bonbons, fruits frais, graines et légumineuses, produits utilisées dans la préparation de plats traditionnels, notamment «Cherchem» qui orne la table du déjeuner du 12 janvier.
A l’approche du nouvel an amazigh, les oranaises s’affairent ainsi à coudre des «Zouada» à partir de tissus d’habits récupérés ou de «chutes» dont les couturières se sont débarrassées, ou encore à partir de toile de jute acquise pour confectionner manuellement de beaux sacs, ouvrage associant tous les membres de la famille dans une atmosphère particulière exprimant l’attachement au patrimoine culturel algérien.
Le soir du nouvel an amazigh, la Zouada se remplit de mélange de bonbons et différents fruits secs à distribuer aux enfants, tout heureux de recevoir leur part de douceurs.
La part des adultes est contenue dans un plat appelé «Midouna», fabriqué à base de doum.
Comme le veut la coutume, les ménagères conseillent à leurs enfants de ne pas ouvrir la Zouada avant le lendemain pour ne pas s’attirer la colère de la «Vieille femme», un personnage légendaire qui a défié la nature en sortant faire paître ses moutons.
Yennayer s’est mis en colère contre elle en empruntant des jours à février afin de prolonger les heures de froid et pouvoir ainsi détruire son troupeau, raconte Fadéla, une septuagénaire.
«C’est une tradition héritée de nos ancêtres. Un héritage que nous chérissons et oeuvrons à transmettre à nos petits-enfants », a-t-elle souligné.
Compte tenu de la valeur sociale et historique de la «Zouada», les vendeurs, dans les di fférents marchés de la ville d’Oran, notamment au quartier «Medina Jdida» et à la rue des Aurès, excellent dans l’art d’exposer les diverses bourses en tissu dont le prix oscille entre 200 et 500 dinars l’unité.
Les tables des vendeurs sont ornées de sacs en tissu bigarrés en toile de jute, en alfa et en doum.
De formes et de tailles diverses, ces bourses aux couleurs de la nature, notamment le jaune et le vert, portent de jolis motifs, dont certains comportent des prénoms féminins et masculins ou encore des symboles de la culture amazighe, appliqués en lettres Tifinagh.
D’autres encore portent des images de monuments archéologiques et historiques.
Afin d’attirer les clients, certains vendeurs offrent ce sac gratuitement.
«C’est le cadeau de la saison», s’égosillent certains d’entre eux afin de réaliser plus de ventes, comme cela a été observé au marché populaire de Medina Jdida. La célébration de Yennayer est également l’occasion pour de nombreuses artisanes de coudre des «Zouada» faites de matériaux respectueux de l’environnement, tandis que d’autres ont recours à la présentation de leur expérience par le biais des technologies de communication modernes pour présenter des méthodes de conception faciles et simple de «Zouada de Yennayer», dans un souci de préserver ce patrimoine culturel national.