EDITO

Une présidentielle et des questionnements

Algériens et Français, écriront-ils une nouvelle page d’histoire aujourd’hui ? La question a toute sa place dans le contexte post-électoral français. Ce pays a presque frôlé le basculement dans une politique xénophobe et franchement anti-algérienne. Mais au final, la raison l’a emporté et les Français ont élu un homme qui a déjà pris pas mal d’initiatives dans le sens de la réconciliation des mémoires. Il faut dire à ce propos que ce qui peut empêcher une dynamique économique et politique positive entre Alger et Paris, c’est une instrumentalisation ordurière du passé colonial français en Algérie. Mentir aux Algériens et aux Français, c’est ce qu’aurait fait Marine Le Pen si elle avait gagné avant-hier. Au contraire de la fille du tortionnaire, Emmanuel Macron a décidé de dire une partie de la vérité. Il doit poursuivre sur sa lancée et tout dire, surtout aux Français ! Ces derniers doivent savoir le vrai visage de ce passé.
Cela étant dit et sachant que M. Macron est libéré des pressions politiques, puisqu’il ne briguera pas un troisième mandat, on peut imaginer que les politiques des deux pays puissent trouver les mots justes pour avancer l’un vers l’autre sans irriter les susceptibilités mutuelles. Il est donc permis d’envisager un petit miracle qui fera dire aux Français ce que les Algériens savent et disent depuis 60 ans. Il reste que ces souhaits sont en réalité des questionnements qui habitent les esprits des citoyens conscients des enjeux des deux côtés de la Méditerranée. En fait, tout le monde voudrait tourner définitivement la page pour en ouvrir une autre sur un avenir peut-être pas rose, mais en tout cas, beaucoup moins traumatisant que le passé commun.
À bien analyser son premier mandat sur les questions mémorielles, on est amené à conclure qu’Emmanuel Macron entend donner une autre dimension aux relations algéro-françaises. Il ne veut pas les confiner à de simples transactions commerciales. Cela suppose donc que le président français ne vendra ni n’achètera des marchandises. Lui, fait de la politique. Il vient avec un projet, des idées et une volonté de construire un avenir commun. C’est tant mieux pour les deux sociétés qui voudraient se voir autrement que comme de simples commerçants pour les uns et des clients pour les autres. Contrairement à ses prédécesseurs, M.Macron développe en direction de l’Algérie un discours à contenu politique et historique. Cela suffit-il à en faire une sorte d’homme providentiel ? La réponse est bien entendu «non». Quel que soit son engagement, son intérêt premier est de servir son pays. Il faut lui faire admettre que cet intérêt est justement dans la transmission de l’Histoire telle qu’elle s’est produite.
Par Nabil.G

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