EDITO

Un été à haut risque

Les fortes chaleurs sont de retour. Ils reviennent chaque année, de plus en plus tôt. Plusieurs fois surpris par les immenses incendies estivales, les pouvoirs publics tentent, cette année, de se préparer au mieux. La communication sur les risques d’incendie et leurs impacts sur le vécu de millions de citoyens se fait quasi quotidienne. Les Algériens ne sont pas prêts d’oublier le drame de l’année passée où l’on a enregistré d’importants départs de feu dans de nombreuses wilayas. Plus de 100.000 hectares sont partis en fumée.
La prochaine saison estivale, qui s’annonce très chaude, apporte avec elle une autre frayeur, celle des incendies des récoltes de céréales. La menace est pesantes et le mobile terroriste, qui consiste à affamer les Algériens en leur coupant l’accès à l’alimentation, est tout à fait logique, compte tenu des conséquences de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale, notamment en Afrique du nord.
Le puzzle d’un été à haut risque est ainsi formé. L’extrême vigilance est de mise et la surveillance de tout départ de feu devra être un réflexe de tous les citoyens vivant à proximité d’un massif forestier. La société est intimement impliquée aux côtés des soldats du feu dans cette guerre qui s’annonce très longue, en raison principalement du dérèglement climatique qui, faut-il le rappeler, facilite grandement la tâche aux incendiaires et est lui-même un facteur majeur de déclenchement d’incendies. C’est dire la complexité d’une situation dans un pays semi-aride qui perd son patrimoine forestier à vu d’œil presque.
La responsabilité de tous est engagée et celle de l’Etat est d’autant plus importante qu’il est ordonateur. Des moyens colossaux doivent être déployés, non pas pour répondre aux catastrophe après leur déclenchement, mais en amont. La lutte contre les incendies ne doit pas être dans la réaction, il est clair qu’elle est appelée à s’imposer comme la priorité de l’heure. Les pouvoirs publics qui mesurent l’urgence et l’ampleur de leur mission sur le volet de la végétation, des cultures agricoles et de la vie humaine, sont censés y accorder autant d’importance qu’à l’éducation, à la santé ou à la défense nationale.
La lutte contre les incendies n’a plus vocation à demeurer une mission saisonnière, mais elle est appelée à se transformer en une véritable préoccupation permanente, avec une budgétisation conséquente à la hauteur des immenses défis qui se présentent chaque année, non pas seulement à l’Algérie, mais à la planète entière. Notre pays fera sa part dans la lutte contre ce fléau du dérèglement climatique et pourra vaincre à condition de laisser l’imagination et le génie de ses enfants éclore, en encourageant la recherche scientifique dans ce domaine. Il est entendu que toute innovation dans ce domaine vaudra son pesant en or. C’est un investissement pour sauvegarder la vie, mais également pour se placer en leader mondial dans une discipline scientifique qui n’a pas véritablement montré tout son potentiel.
Par Nabil.G

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