EDITO

Le piège occidental en Afrique

Y aurait-il des marionnettistes en embuscade et prêts à entrer en action pour faire rentrer dans la tête des Africain que le panafricanisme est une autre hérésie de l’histoire du continent ? Il semble bien que oui. Et pour cause, de petits BHL naissent ici et là en Europe et même au cœur de l’Afrique pour trier les Africains en « démocrates-modernistes-progressistes » et d’autres «putschistes-rétrogrades-clanistes». Le discours des deux Afrique qui commence à faire florès sur certains plateaux de télévisions, annonce, à n’en pas douter une nouvelle vague de printemps africains. Disons-le clairement : le propos n’est certainement pas pour libérer le continent de la mainmise occidentale ou des «juntes» qui se forment ici et là. Le propos est exclusivement destiné, en réalité, à empêcher toute structuration des sociétés et par voie de conséquence, maintenir les pays dans un état de «ni nation, ni village». Un entre deux qui laisse en jachère les richesses de l’Afrique, offertes à l’exploitation des multinationales d’un bord comme de l’autre de cette géopolitique mondiale qui met toujours les armées en avant-postes des préteurs économiques.
Le problème dans cette réalité poignante du continent, c’est que «junte» ou pas, les régimes africains n’arrivent pas à se prendre en charge au plan de leurs forces armées. Ce besoin permanent de sous-traiter leur sécurité les ôte d’une part non négligeable de leur souveraineté. Et la boucle s’en trouve ainsi bouclée et les commentateurs des plateaux de télévision y vont de leurs analyses qui réduisent l’homme africain à un acteur de second ordre dans la destinée de son propre pays. Il est clair, en effet, que la situation dans ces pays n’augure pas, en tout cas pas encore, d’un avenir plus serein et d’une scène politique et sociale plus proche de la modernité. Les ingérences multiples rendent impossible l’émergence d’une volonté interne à l’Afrique de s’émanciper des pesanteurs exercées par l’étranger.
Pour l’heure et compte tenu de la position centrale de l’Afrique dans les visées mondialistes, sachant que le continent est le prochain pôle de la croissance économique de la planète, la guerre de position entre les puissants du moment empêche les élites africaines de se faire entendre auprès de leurs propres concitoyens.
Les partisans, comme les opposants au courant panafricaniste et ceux adoptant un discours trop occidentalisé, sont tous deux piègés par l’idée que l’on se fait de la démocratie en Afrique et en Occident. L’on a limité les vertus d’un système de gouvernance complexe et fragile à deux ou trois principes de base que sont le suffrage universel, la liberté d’expression et la liberté de manifestation. Et c’est là le piège occidental. Pourtant, tout le monde sait et les Européens en premier, que la démocratie ne saurait se confiner à deux ou trois bidules qui, jusque là dans certains pays qui ont réussi une alternance démocratique ne font rien d’autre que de rapprocher les économies de ces pays vers le FMI. A méditer…
Par Nabil.G

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