Quant au fond du dossier, M. Attaf a mis en exergue des données historiques et parfaitement documentées arguant que la communauté internationale reconnaît le combat héroïque et solitaire mené par l’Algérie contre le terrorisme durant les années 90.
Les poursuites judiciaires engagées contre l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, et son inculpation récente par un tribunal suisse, a fait réagir le ministère des Affaires étrangères. Cette réaction, du reste légitime, a été accompagnée par un appel téléphonique, reçu par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, de la part de son homologue suisse, Ignazio Cassis. Il va de soi que M.Attaf a a déploré la lecture «révisionniste», par la justice suisse, de la bravoure du combat solitaire que l’Algérie a mené contre le terrorisme.
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères qui a rendu compte des propos de Ahmed Attaf, met en avant le fait «que l’indépendance de la justice ne justifie pas l’irresponsabilité et qu’un système judiciaire quel qu’il soit s’arroge le droit absolu pour juger des politiques d’un Etat souverain et indépendant». Cette observation, fondée sur des faits réels vient confirmer la conviction de l’Algérie que «la justice suisse a offert avec beaucoup de légèreté une tribune aux terroristes, à leurs alliés et à leurs soutiens pour tenter de discréditer le combat honorable de notre pays contre le terrorisme, de jeter l’opprobre sur ceux qui lui ont fait face et de souiller la mémoire de ceux qui sont tombés en lui résistant». Des propos d’une pertinence remarquable qui renvoient cette justice helvétique à sa partialité et à son laxisme qui défigure des situations et transforme le bourreau en victime. Soulignant cette posture laxiste, le communiqué constate qu’«avec la même légèreté, la justice suisse procède à une lecture révisionniste de l’histoire de notre pays durant les années 90. Elle procède par des accusations outrancières et infondées, par des comparaisons hasardeuses et inappropriées et par des falsifications si flagrantes qu’elles se discréditent elles-mêmes».
Cela sur la forme de la procédure lancée contre Khaled Nezzar. Quant au fond du dossier, M. Attaf a mis en exergue des données historiques et parfaitement documentées arguant que la communauté internationale reconnaît le combat héroïque et solitaire mené par l’Algérie contre le terrorisme durant les années 90. Une résistance héroïque qui a doté l’Algérie d’une expérience inestimable en matière de lutte anti-terroriste, dont la majorité des Etats confrontés au même phénomène en ont profité. Le ministre a, à ce propos, rappelé que l’Algérie est «le pays-champion au niveau de l’Union africaine (UA) pour la prévention et la lutte contre le terrorisme, que notre pays s’apprête, dans le cadre de sa mandature au Conseil de Sécurité, à assumer la présidence de deux Comités subsidiaires du Conseil sur la thématique du terrorisme, et que l’Algérie co-présidera prochainement avec les Etats-Unis d’Amérique une Conférence sur la lutte contre le terrorisme en Afrique». Partant, M.Attaf relève : «Il semble que la planète entière reconnaît que l’Algérie luttait contre le terrorisme, à l’exception de la justice helvétique».
Sur la base de ces données, M. Attaf a déploré «cette lecture révisionniste, par la justice suisse, de la bravoure du combat solitaire que l’Algérie a mené contre le terrorisme». Il a relevé «le caractère singulier de la situation actuelle, dans la mesure où il est permis à une organisation d’anciens terroristes et à leurs alliés d’utiliser la justice suisse pour faire le procès de l’Etat algérien».
Le ministre des Affaires étrangères souligne, enfin que «l’Algérie trouve inadmissible que la justice suisse s’arroge le droit de porter un jugement sur les choix politiques d’un Etat souverain et indépendant en matière de sécurité nationale». Tout en relevant le rôle positif de la Suisse pour l’indépendance du pays, Ahmed Attaf a néanmoins noté que «cette affaire a atteint les limites de l’inadmissible et de l’intolérable et que le gouvernement algérien est déterminé à en tirer toutes les conséquences, y compris celles qui sont loin d’être souhaitables pour l’avenir des relations algéro-suisses». Il a formé le vœu que «tout soit entrepris pour éviter que cette affaire n’entraîne les relations entre l’Algérie et la Suisse sur la voie de l’indésirable et de l’irréparable», conclut le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Anisa Mesdouf