Oran Aujourd'hui

Lutte contre l’habitat précaire : le poids des déficits cumulés

Selon des sources communales, une opération de recensement des habitations illicites dans la localité d’Aïn El Beïda sera achevée très prochainement. Menée par des commissions mises en place par les autorités locales, cette action, nous dit-on, doit permettre aux gestionnaires concernés de «connaître le nombre exact des habitations érigées illicitement et d’élaborer une liste définitive de tous les occupants de bidonvilles». Les mêmes sources communales soulignent qu’une «banque de données» précise et détaillée concernant toutes les habitations précaires situées dans cette localité relevant de la commune d’Es-Sénia sera finalisée avant la fin de l’année. Après cette opération dite de recensement les gestionnaires du territoire local procéderont à des enquêtes pour identifier et finaliser la liste des occupants du bidonville répondant aux conditions et critères exigés pour l’obtention d’un logement social. Commentant cette information, les mauvaises langues locales n’ont pas manqué de pointer du doigt le manque de maîtrise et de suivi du phénomène d’occupation des terrains de l’Etat par les « constructeurs » de baraques illicites. Un fléau connu depuis des lustres et qui n’a jamais cessé de s’amplifier, notamment dans la daïra d’Es-sénia connue pour ses nombreux bidonvilles irréductibles. Évoquant l’exemple de la fameuse ancienne cité universitaire, la CUMO, squattée une première fois il y a près de trente ans par des familles de travailleurs des œuvres universitaires revendiquant un logement social. Après leur relogement, les chalets délabrés ont de nouveau été investis par des occupants voulant à leur tour bénéficier des effets de la politique de lutte contre l’habitat précaire, car la pauvre vieille cité universitaire a été, avec le temps et l’oubli, classée au registre des sites de bidonvilles à démolir. Mais ni les services de la daïra, ni les élus communaux de l’époque n’ont levé le petit doigt au bon moment pour gérer et régler la situation de cette vieille résidence universitaire abandonnée après délocalisation des étudiants dans une nouvelle résidence. Bien d’autres exemples, parfois relatés et décrits dans les archives de la presse oranaise, peuvent être cités pour illustrer l’ampleur du déficit de rigueur et d’efficacité dans la gestion des mouvements de population d’un lieu à un autre. Pourquoi avoir attendu des décennies pour lancer enfin la mise en place d’une «banque de données» permettant de savoir en temps réel «qui occupe quoi, où, et depuis quand» sur un territoire communal. Connue pour être très «attractive» à la périphérie sud de la grande ville d’Oran, la daïra d’Es-Sénia, proportionnellement au nombre d’habitants, figure en tête du peloton des communes touchées par la prolifération des bidonvilles. Malgré les grandes opérations de relogement au profit des familles occupant certains sites tels que la cité CUMO et Sebika, la lutte contre l’habitat précaire menée sans relâche par les pouvoirs publics reste quelque peu entravée par le poids des déficits cumulés durant les décennies passées.

Par S.Benali

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