Le vent a bel et bien tourné

La guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année. Une année qui s’annonce bien compliquée pour le président Volodymir Zelenski , sérieusement secoué par le nouveau locataire de la Maison Blanche qui n’a pas été tendre avec lui. Zelenski, qui a été pendant toutes ces trois premières années de conflit avec la Russie, choyé et levé au rang de grand dirigeant par l’ancienne administration américaine et le président Joe Biden, n’en revient toujours pas de la brutalité de Donald Trump qui l’a qualifié de dictateur et de piètre comédien.
Un changement de ton brusque qui a désarçonné le président ukrainien qui, pourtant, évite au maximum de froisser encore plus le leader de la nation qui a été hier son premier soutien, lui ouvrant les vannes de crédits ininterrompus de dollars et équipant son armée de toutes sortes d’armement. Et là, depuis un mois tout bascule du tout au tout. Non seulement les Etats Unis arrêtent toute aide à l’Ukraine, mais Trump exige d’être remboursé !
Pour Trump les choses sont claires et simples, l’Ukraine doit rembourser entre 350 et 500 millards de dollars de dette fournis par Washington, en acceptant les conditions américaines pour un accord sur les terres rares et les minéraux ukrainiens qui seront exploités par les Américains. Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, parle d’un partenariat consistant en la création d’un fonds « où les États-Unis auront des droits économiques et de gouvernance dans ces futurs investissements ». La dernière proposition de Zelensky se disant prêt à quitter son poste de président, si c’est lui le problème, ne change rien aux yeux de l’administration américaine qui tient à son projet qu’elle compte bien mener jusqu’au bout.
Un accord que Zelensky semble proche d’accepter. Mais cela ne paraît pas changer la vision qu’a Trump sur le président ukrainien, puisque ce lundi encore lors d’une conférence de presse avec Macron, et répondant à une question si Zelensky pourrait le rencontrer, Trump a répondu que le président ukrainien viendra à Washington pour signer l’accord avec la Russie. Autrement dit, les clauses de cet accord ont été grandement discutées avec Moscou et pour Washington la messe est dite, même si ce lundi, avec Macron, Trump se voulait plus conciliant, mais sans rien changer sur le fond de sa pensée. Et comme pour bien indiquer les intentions américaines sur ce dossier, au même moment au Conseil de sécurité de l’ONU, Washington et Moscou ont voté main dans la main une résolution réclamant la fin rapide du du conflit. Zelensky devrait ainsi venir à Washington signer l’accord en costume cravate, car sa tenue militaire qu’il arbore depuis le début du conflit ne doit plus faire grande impression. Un accoutrement qui fait désormais partie du passé.

Par Abdelmadjid Blidi