Evênement

El Hachemi Djaaboub:
Retraite proportionnelle ou sans condition d’âge: Pas à l’ordre du jour en cette conjoncture

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la  Sécurité sociale, El Hachemi Djaaboub a écarté, jeudi à Alger, le retour à  la retraite proportionnelle et à la retraite sans condition d’âge, en cette  conjoncture économique que traverse le pays, assurant que l’Etat  »  n’abandonnera jamais les retraités ».

« En la conjoncture économique actuelle du pays, j’écarte le recours à la  retraire proportionnelle et à la retraite sans condition d’âge qui a été  créée en 1997, comme dispositif exceptionnel conjoncturel, en vue de faire  face aux répercussions du plan d’ajustement structurel imposé par le Fond  monétaire international (FMI) », a indiqué le ministre qui répondait à une  question du membre du Conseil de la nation, Abdelouahab Benzaim sur la  situation financière liée à la Caisse nationale des retraites (CNR), lors  de la plénière conduite par le Président du Conseil de la nation, Salah  Goudjil.

« Le déficit de la CNR devra s’élever, courant 2021, à près de 690 Mds de  Da », a-t-il ajouté avant de rappeler que la CNR est confrontée à ce déficit  depuis 2013, relevant que les dépenses nationales de cette Caisse se sont  élevées à 1293 Mds de Da en 2019, contre des recettes estimées à 709 Mds de  Da, soit un déficit financier de 584 Mds de Da.

Selon le même responsable, les recettes de cette Caisse en 2020, se sont  élevées à 762 Mds de Da, contre des dépenses estimées à 1402 Mds de Da à  l’effet de couvrir les pensions et allocations de retraite directes et  indirectes à 3,3 millions de bénéficiaires, révélant que le déficit au  titre de l’exercice 2020 s’est élevé à 640 Mds de Da et devra atteindre,  courant 2021, près de 690 Mds de Da.

Evoquant les opérations de redressement » de la situation de la CNR, M.  Djaaboub a précisé qu’il a été procédé, en premier, à l’utilisation des  réserves de cette Caisse estimées à 58 Mds de Da en vue de combler le  déficit financier entre les deux années 2013 et 2014, en sus de l’octroi  par la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés  (CNAS) et la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAC) d’un soutien  financier entre 2014 et 2017, sous formes de crédits.

La CNR a également bénéficié en 2018, d’un soutien exceptionnel à partir  du budget de l’Etat, estimé à 500 Mds de Da, ainsi que de crédits sans  intérêts octroyés par le Fonds national d’investissement (FNI), d’un  montant estimés à 620 Mds de Da en 2019 et de 680 Mds de Da en 2020, a fait  savoir le ministre.

En dépit de toutes les mesures prises, poursuit M. Djaaboub,  » la CNR n’a  pas été en mesure de corriger le déficit structurel dont elle pâtit, dû  essentiellement à la hausse du nombre de bénéficiaires de la retraite,  notamment les dernières années, contre une stabilité ou une contraction du  nombre des cotisants », faisant état du recensement de 2,2 cotisants contre  un seul retraité, alors que l’équilibre budgétaire requiert 5 cotisants  pour un seul retraité.

Le ministre explique également que la situation démographique de l’Algérie   » ne permet pas d’atteindre le taux escompté pour réaliser cet équilibre en  la conjoncture socio-économique qui a été accentuée par la propagation du  virus de la Covid-19, en sus de l’aggravation du phénomène du non-versement  des cotisations à la sécurité sociale, » ce qui requiert, a-t-il ajouté, « de  revoir les mécanismes et les modalités de recouvrement et les mesures  coercitives y afférentes ».

Concernant la retraite des catégories qui exercent dans des conditions  difficiles, M. Djaaboub a indiqué que les dispositions de l’article 7 de la  loi sur la retraite sont « claires », faisant état de la création d’une  commission technique au niveau de la tutelle pour définir la liste de ces  postes.

Il a rappelé que son secteur a élaboré la nomenclature algérienne des  métiers/emplois, répartie sur 16 secteurs et comporte 86 domaines, 416  fiches de métiers/emplois et 5479 dénominations, estimant que la  finalisation de cette nomenclature « permettra aux experts d’élaborer la  liste des métiers très difficiles ».

Pour ce qui est de la possibilité d’introduire un budget spécial à partir  du trésor public pour effacer le déficit financier de la Caisse, le  ministre a souligné que l’Etat « n’a pas tardé à aider la Caisse à travers  son intervention durant plusieurs années en vue de sa stabilité  financière », se disant convaincu que le développement du système national  de la sécurité sociale et le système des retraites « ne seront possible qu’à  travers une économie nationale forte ».

En réponse à une question du membre Ayache Djebailia sur la possibilité de  permettre aux personnes aux besoins spécifiques de bénéficier de la  retraite proportionnelle sans condition d’âge, le représentant du  gouvernement a indiqué que cette préoccupation demeure « substantielle et  nous allons l’examiner pour protéger cette catégorie ».

Pour le ministre, il n’y a aucun « empêchement » pour traiter ce sujet qui  nécessite « des  statistiques sur la situation financière du nombre de cette  catégorie actuellement et à l’avenir et sur cette du CNR ».

A une question du membre Mohamed Amara sur la condition d’âge et le niveau  scolaire pour le recrutement dans les institutions publiques dans le  domaine de la sécurité et de la garde, M. Djaaboub a affirmé que les postes  des agent de garde et de sécurité « exigent un certain niveau scolaire, car  cet emploi nécessite de savoir manier les matériels et techniques modernes  dans le travail auprès de certains employeurs ».

A propos du recrutement dans la fonction publique, les principales lois  des différents corps définissent les conditions et le niveau scolaire pour  occuper un certain poste et ce à travers un concours, a déclaré le  ministre, ajoutant que les missions de l’agence nationale de l’emploi  (ANEM), régie par les dispositions de la loi 04-19 relative au placement  des travailleurs et au contrôle de l’emploi, ainsi que le décret exécutif  06-77 du 18 février 2006, consistent « en être l’intermédiaire entre  l’employeur et les demandeurs d’emploi et n’intervient pas dans les  conditions mises par les employeurs et par conséquent n’est pas en  contradiction avec la loi ».

Dans le cadre des contrats conclus à travers la négociation et soumis aux  conventions collectives, l’employeur est autorisé a fixer les conditions  d’âge maximal à l’emploi au regard des caractéristiques et de la nature de  certains postes qui nécessitent « un certain âge pour le demandeur  d’emploi ».

Concernant la condition du niveau scolaire, la loi « donne à l’employeur  seul le droit au recrutement », conformément à la nature de l’activité et au  contrat de travail conclu, étant donné que certains postes exigent des  diplômes, des compétences scientifiques et des expertises professionnelles.

Après avoir mis en avant l’importance et le rôle des agences d’emploi, le  ministre du Travail a affirmé que ces agences « sont une charge financière  sans contrepartie », ajoutant que « si l’ouverture d’une agence au niveau de  chaque commune du pays règlera le problème du chômage, je le ferai demain ».

 

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