Oran

Aïn El Turck : le prix de la sardine rivalise avec celui de la citerne d’eau

Considérée dans un passé encore vivace comme étant le plat du pauvre, la sardine est devenue inaccessible pour les petites bourses notamment. En effet, selon la pénible réalité du terrain, son prix se maintient au-dessus de la barre des 1 200 le kilogramme dans les marchés de la contrée d’Aïn El Turck et ce, depuis la veille de l’entame du mois de ramadhan.

« Ce poisson migrateur, qui vit à environ 100 mètres de profondeur, forme au printemps de grands bancs et remonte à la surface durant la nuit pour se nourrir de plancton. C’est au cours de cette période plus particulièrement que la pêche de la sardine est fructueuse mais hélas elle est toujours sournoisement aussi chère qu’importe la période de l’année. La spéculation y est pour beaucoup dans cet affligeant état de fait. Il fût un temps, où pendant l’été, des familles concoctaient dans les quartiers de leur lieu de résidence des barbecues avec ce petit poisson de la famille des clupéidés. Les sardines sont étêtées et éviscérées à la main, puis salées, lavées et disposées sur des grils de fil métallique étamé. Nombreux hélas ignorent complètement ce rituel méditerranéen. C’était le bon temps. Aujourd’hui, le citoyen lambda préfère de loin s’acheter une citerne d’eau au même prix qu’un kilogramme de sardine. Il semble avoir raison d’ailleurs », a commenté avec amertume et une pointe d’humour un ancien pêcheur du village de Cap Falcon abordé à ce sujet. Selon le même constat, les prix affichés par les revendeurs pour les autres espèces de poissons, notamment les crustacés, et en particulier les crevettes, donnent le tournis au plus imperturbable des smicards. « Un kilo de crevette ? Ce n’est pas très loin de mon salaire mensuel. Et encore la qualité, en termes de fraîcheur, laisse à désirer. J’estime préférable de passer mon chemin devant les étalages des poissonniers », a fait remarquer avec dépit à ce propos un retraité d’Aïn El Turck. Un avis partagé à l’unanimité par d’autres interlocuteurs abordés à ce sujet dans les abords des lieux de commerce de cette contrée, suprême ironie, côtière. Mais cet état de fait s’inscrit dans une toute autre histoire morbide et riche en humour noire.

Rachid Boutlélis

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page