EDITO

Quand le dialogue recule, la violence avance

La Libye renoue avec la violence. Après les affrontements meurtriers de Tripoli qui ont fait 32 morts et 159 blessés, la situation reste encore précaire dans la capitale. Et si les hommes de Abdelhamid Dbeibah ont repoussé les assauts du rival de l’est Fathi Bachagha, la partie est très loin d’être jouée. Les tensions sont toujours les mêmes, et les velléités de guerre encore présentes. Il faut dire que le virage raté des élections qui étaient prévues au mois de décembre 2021, ont été le point de départ d’une dérive que l’on savait latente dans une situation explosive qui n’attendait que la moindre étincelle pour prendre feu. Clairement les choses ne pouvaient qu’empirer du moment que la légitimité populaire n’a pu s’exprimer à travers les urnes alors que ces élections devaient grandement contribuer à la pacification du pays. Il n’en a rien été, et cela a ouvert la porte de l’enfer sur le peuple libyen qui n’en finit plus de souffrir depuis la chute du régime du colonel Mouammar el Kadhafi et l’incapacité des politiques libyens à s’entendre sur une feuille de route de sortie de crise. Tripoli n’est pas à sa première attaque depuis l’arrivée aux affaires du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, puisque la capitale a déjà repoussé deux autres attaques menées par le Premier ministre, désigné par le parlement de l’est, Fathi Bachagha et une autre par le maréchal Khalifa Haftar. Les forces de l’est croyant qu’une fois Tripoli entre leurs mains, ils peuvent avoir un contrôle total sur tout les pays. Mais Abdelhamid Dbeibah s’est considérablement renforcé en ralliant à sa cause plusieurs milices et groupes armés. Dbeibah qui reste convaincu que ces attaques menées par ceux qu’il a qualifié de « criminels » et de « putschistes » répondent à « des agendas étrangers ». Un état de fait qui n’est pas très loin de la réalité, car les ingérences étrangères dans ce pays sont nombreuses et répondent à des objectifs divers menés par des puissances internationales et régionales. Des ingérences qui compliquent encore davantage toute sortie de crise et condamne la Libye à subir ce déferlement de violence qui ne semble pas vouloir finir. Même l’ONU, qui avait pourtant réussi un certain moment à imposer une solution politique au conflit, parait perdre le fil depuis l’avortement des élections du mois de décembre 2021. Ce qui n’arrange en rien les choses.

Par Abdelmadjid Blidi

 

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