Oran Aujourd'hui

Discours et renoncements dans la prise en charge de la réhabilitation du vieux bâti

Il y a une quinzaine d’année, en mars 2009, le vieux quartier de Sidi El-Houari était encore une fois au cœur des débats organisés à l’institut Cervantès à l’occasion d’une cérémonie de remise des actes d’un colloque international sur «La réhabilitation et la revitalisation urbaine» tenu en Octobre 2009 sous l’égide de la même institution. Bon nombre de participants dont le directeur de l’Institut Cervantès annonçaient alors avec enthousiasme que c’était là le début d’une nouvelle ère décisive, non seulement pour l’histoire de la ville d’Oran mais aussi pour son avenir.
La publication des actes de ce colloque organisé sous l’égide de l’Agence espagnole de coopération internationale, devait assurer le passage «de la phase de réflexion à celle de l’action.» Ces actes, publiés sous la forme d’un ouvrage de 141 pages reprenant toutes les conclusions et les recommandations émises lors de ce colloque, étaient abusivement présentés comme une clef magique devant enfin permettre de sauver le vieux quartier historique et de rendre à la ville sa mémoire et son patrimoine.
On se souvient que seuls les consuls français et espagnols étaient présents, aux côtés de quelques cadres municipaux de l’époque, lors de cette cérémonie qui se déroulait au moment même ou les plafonds d’une vieille bâtisse datant de l’époque coloniale s’écroulaient au quartier St pierre.
En quoi les actes du colloque urbain pouvaient-il contribuer à renforcer l’espoir et écarter la hantise des effondrements installée depuis des années à travers les quartiers minés par le vieux bâti? Durant des décennies, et à ce jour, Oran est restée figée dans des envolées intellectuelles organisées à travers mille et une conférences, colloques, séminaires et autres journées d’études sur la ville et l’habitat urbain.
Des observateurs avisés pointent souvent du doigt le nombre faramineux de documents d’études, de plans, d’analyse et de rapports divers sur l’urbanisme, qui trainent et s’entassent inutilement depuis des lustres dans les armoires de bureaux de décideurs et gestionnaires de passage. Parfois même de précieux documents, tels que les POS des communes, les PDAU, et même des plans de réseaux divers, de câbles ou de canalisations, sont oubliés et perdus dans les archives de l’administration.
Sans nier ou remettre en cause la sincérité des engagements des acteurs locaux ou étrangers qui accourent au chevet de la cité oranaise souffrant du fléau du vieux bâti, il faut bien admettre aujourd’hui que le temps n’est plus à la réflexion ni aux discours, mais plutôt aux actions concrètes, prioritaires et urgentes pour sauver ce qui reste encore à sauver en matière de sites, édifices et monuments historiques.
Sidi El Houari, la Mosquée du pacha, le Palais du Bey, l’ancienne préfecture, et même les beaux édifices du théâtre régional et de la Mairie aux deux lions menacent de disparaitre un jour en cas d’abandon ou de laxisme dans la prise en charge de leur réhabilitation…

Par S.Benali

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