Oran Aujourd'hui

Gestion des projets: le risque d’atavisme des vieilles années de plomb

Le ministre des Travaux Publics et des Infrastructures de base a indiqué lundi dernier à Oran, que le premier tronçon du projet de route pénétrante reliant le port d’Oran à l’autoroute Est-Ouest devra être achevé et livré avant la fin du mois de juin prochain au plus tard.
Ce tronçon de 8 km sur une longueur totale du projet de 26 km, a connu des retards et des péripéties liées aux problèmes techniques rencontrés, notamment la nécessité de consolider les sous-sols fragilisés nous dit-on par des glissements de terrain inattendus.
Lors de son inspection du projet, le ministre a souligné que « toutes les entraves ont été levées concernant l’achèvement des travaux du premier tronçon, notamment la «réévaluation du projet» et le programme des travaux restant à réaliser par l’entreprise de travaux de l’entreprise, conformément à ses engagements.
Le wali d’Oran a lui aussi de son côté insisté sur «la nécessité d’accélérer la cadence des travaux et la mise en place d’un calendrier hebdomadaire, avec un suivi minutieux par les services de la wilaya», afin d’assurer la livraison du projet dans les nouveaux délais fixés.
On sait que ce grand projet structurant a connu plusieurs réévaluations financières motivées notamment par des travaux supplémentaires importants concernant la réalisation de certains ouvrages d’art et l’extension du projet sur trois autres axes. Les retards enregistrés s’expliquent aussi, selon les responsables concernés par la nécessité technique de traiter pas moins de cinq glissements de terrain survenus sur le parcours du chantier.
Il faut rappeler que ce projet dans son ensemble comprend cinq ouvrages d’art, dont un tunnel à deux accès d’une longueur de 930 mètres, un autre tunnel d’une longueur de 1.580 mètres, un pont d’une longueur de 680 mètres, ainsi que la réalisation d’une voie routière, route au dessus de la mer et d’une voie express.
Et les décideurs ainsi que bon nombre d’observateurs n’oublient pas à chaque fois de souligner que cette pénétrante autoroutière au port d’Oran aura un impact économique, social et urbain important car elle permettra notamment de désengorger la circulation et de donner plus de fluidité au trafic des nombreux poids lourds allant ou sortant du port d’Oran par l’ancienne route complétement saturée.
Mais certains architectes-urbanistes et autres experts oranais n’hésitent pas à pointer du doigt non seulement les retards enregistrés par ce projet, mais aussi son manque de complémentarité et d’intégration harmonieuse dans le tissu urbain central de la ville.
On sait que beaucoup d’Oranais espéraient voir cette route pénétrante à l’entrée est de la ville se prolonger jusqu’à la pêcherie et à la sortie ouest par la corniche oranaise. Mais il fallait pour cela briser le tabou du «port refermé sur lui-même» pour des raisons évidentes de prévention des risques mais aussi pour des pratiques de gestion et des mentalités encore ancrées sur l’atavisme des vieilles années de plomb. Cette route longeant les falaises de la frange marine vers la sortie Est de la ville sera certes bien utile à la fluidité du transport par camions. Mais elle risque aussi de devenir une «barrière routiére» entre le tissu urbain et ses habitants et le magnifique littoral marin de la ville…
Par S.Benali

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