Gestion du territoire communal : rafistolages et improvisations
Les services de la wilaya viennent d’adresser une instruction aux gestionnaires de la commune de Bir El Djir leur notifiant l’affection de la gestion de l’hygiène du grand quartier de haï Sabah à leur APC. Une mesure que l’on justifie par l’incapacité des agents de la délégation de Sidi chami à pouvoir prendre en charge convenablement cette mission municipale de base. Cette décision de transfert d’attribution a été accompagnée par une mesure d’affectation d’une trentaine d’agents de l’Entreprise publique de wilaya « Oran vert» vers l’APC de Bir El Djir. Des agents qui seront désormais salariés et pris en charge par budget communal.
Il est vrai que le grand pôle urbain de haï Sabah, à très forte densité de population, souffre quelque peu de l’insalubrité et des insuffisances en matière d’entretien du cadre urbain et de collecte des déchets. Mais ici, comme ailleurs, les carences et les déficits liés à la gestion municipale ne sont pas essentiellement causés par un manque de moyens humains ou financiers.
L’état des lieux dans ce grand quartier en constante croissance urbaine et démographique a toujours suscité le mécontentement des autorités locales et les plaintes et doléances de citoyens sur les réseaux sociaux. Faut-il croire pour autant que les 30 agents d’hygiène affectés au niveau de ce secteur vont permettre de garantir une bonne prise en charge de l’hygiène publique et de l’environnement?
Selon des observateurs avisés, c’est en réalité toute l’organisation du système de gestion des affaires municipales dans le grand Oran qui reste à revoir et à corriger. Notamment en matière de délimitation des territoires et de répartition des attributions entre tous les intervenants en ce domaine, les APC, les entreprises de wilaya et les «représentants» des habitants si toutefois ils existent.
On sait, depuis des lustres, que le schéma d’organisation territoriale de la grande commune d’Oran et des communes limitrophes a toujours été critiqué et remis en cause, parfois par des élites intellectuelles connues à Oran. Les décideurs de l’ancien système de gouvernance n’ont jamais voulu organiser des journées d’études sur ce sujet important, permettant de dégager un consensus sur un modèle d’organisation et de fonctionnement efficace et opérationnel, délimitant les tâches et les responsabilités.
La décentralisation effective des services de la grande APC d’Oran reste l’une des aspirations majeures exprimées par les Oranais, jaloux à juste titre de la création de plusieurs communes d’arrondissements au niveau d’Alger, la capitale. Il est vrai aujourd’hui que les habitants de bon nombre de quartiers et de grandes cités d’habitat périphériques ne connaissent même pas le nom ni le visage du Maire de la ville censé être élu par les administrés.
Evoquant les disparités constatées d’un site urbain à un autre en matière d’hygiène et d’environnement, un expert local souligne le manque d’implication des élus municipaux dans certains territoires de la commune pour diverses raisons liées à l’étendue géographique et aux motivations des uns et des autres. On n’aborde pas impunément la gestion d’un grand territoire municipal à coup de rafistolages et d’improvisations.
Par S.Benali