Grands projets en cours: La fatalité des retards et des tâtonnements

En juillet 2018, il y a déjà cinq ans, le ministre des travaux publics et des transports en poste à l’époque, au détour d’une visite à Oran, avait ordonné aux responsables du projet du nouvel aéroport international de régler tous les problèmes pouvant retarder la réception du projet et de ne pas dépasser le délai de livraison prévu à la fin de l’année 2018. Un délai qualifié d’ «incompressible». Mais on sait que ce projet n’a pu être achevé qu’après quatre bonnes années de retard et de tergiversations. Le même ministre avait également visité en juillet 2018 le chantier de la nouvelle pénétrante du port d’Oran considérée comme l’un des plus grands projets structurants ayant pour objectif de désengorger la circulation automobile au niveau de plusieurs points d’étranglement sur le tissu urbain de la ville. Les responsables de l’époque avaient alors fièrement, et indécemment, annoncé que la première tranche de ce projet de pénétrante au port allait être réceptionnée à la fin de l’année 2018. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, on ne sait toujours pas avec certitude et précision quand ce projet sera véritablement achevé et livré. Il y a quelques jours encore, la direction de wilaya des travaux publics annonçait timidement que le premier tronçon du projet de pénétrante devant relier le port d’Oran à l’autoroute Est-Ouest «sera réceptionné durant le deuxième semestre de l’année 2023 en cours». Un semestre qui compte évidemment six mois, ce qui ne dérange en rien la communication officielle ancrée sur des estimations et des approximations peu crédibles. On sait que les travaux de réalisation de cette double-voie de raccordement du port d’Oran à l’autoroute Est-Ouest, ont connu des retards et des interruptions que l’on explique à chaque fois par des contraintes budgétaires obligeant les entreprises de réalisation, la société turque « Makyol » et l’Entreprise nationale des grands ouvrages d’art (ENGOA), à suspendre les travaux.

Des contraintes ont été levées notamment en décembre 2017 avec une rallonge de crédit de l’ordre de 40 milliards DA. Par ailleurs, des experts locaux s’interrogent à ce jour sur l’inconsistance des études techniques initiales finalement corrigées et modifiées par de grands changements introduits dans la consistance du projet, tels que la réalisation d’un second tunnel à double voie, d’une longueur de 1.680 mètres, permettant d’éviter le passage au milieu d’un ensemble urbain et le transfert des différents réseaux. On se souvient également que lors de cette visite ministérielle en avril 2018, l’ancien ministre avait confirmé, avec certitude et conviction, que trois projets d’extensions du tramway sont prévus à Oran, la première vers le nouvel aéroport, la seconde vers le nouveau pôle urbain « Ahmed Zabana » de Misserghine et la troisième vers la zone de Belgaid où sont implantées les grandes infrastructures sportives. Mais depuis, rien de tout cela , et Oran semble encore piégée par la fatalité des retards, des échecs et des renoncements perpétuels au progrès et au changement.
Par S.Benali