Oran Aujourd'hui

«Hargua» : ces réseaux de la mort

Un colloque national sur l’émigration clandestine a été organisé récemment à Oran pour mobiliser les acteurs sociaux sur la nécessité «d’intensifier les campagnes de sensibilisation des jeunes sur les risques de l’émigration clandestine à la fois sur l’individu, la famille et la société». Initié par l’Observatoire national de la société civile, ce colloque, ou plutôt cette rencontre, a eu au moins le mérite de mettre en lumière l’ampleur et les dangers liés au phénomène de l’émigration clandestine, plus connu localement sous le terme de «Hargua». La rencontre a également permis de soutenir les efforts indéniables fournis par les différents services de sécurité qui luttent pour éradiquer le fléau.
Des moyens, des procédures juridiques et des campagnes de sensibilisation des jeunes ont été mises en œuvre à différents niveaux pour lutter contre l’émigration clandestine. Même des imams de quelques mosquées à Oran ont été mobilisés pour expliquer et avertir les jeunes sur les dangers de la «hargua» qui serait, disent-ils, « une pratique interdite par la charia ». Beaucoup d’écrits, articles, livres, et autres documentaires ont été réalisés ces dernières décennies sur les traversées clandestines et les motivations des jeunes qui répondent le plus souvent aux chants des sirènes présentant les pays de destination comme des endroits où se réalisent tous les rêves et toutes les ambitions. Mais malgré les images et les témoignages de nombreux jeunes en séjour clandestin en Espagne ou en France qui racontent leurs difficultés, leur souffrance et leur instabilité psychologique et sociale, les tentatives de traversées clandestines ne cessent de se multiplier, notamment à partir des côtes oranaises les plus proches du littoral espagnol. Depuis déjà de nombreuses années, les dangereuses tentatives de traversées clandestines ne cessent d’alimenter la rubrique des faits divers de la presse locale. Presque chaque semaine, notamment durant la saison estivale, des dizaines de harragas interceptés et parfois secourus suite à un risque de naufrage de leur embarcation. Il y a une dizaine de jours, les services de police d’Oran ont démantelé un réseau criminel, composé de 12 individus, spécialisé dans l’organisation de traversées clandestines par mer. Une procédure judiciaire a été engagée contre les membres du réseau traduits devant la justice pour trafic illicite de migrants. La semaine dernière, un communiqué de la Sûreté de wilaya de Mostaganem indiquait que les services de police ont démantelé un réseau spécialisé dans l’organisation de traversées clandestines. Un réseau composé de six individus, dont un ressortissant étranger résidant illégalement sur le territoire national. Durant ces trois dernières semaines, profitant du beau temps de la saison estivale, plus d’une centaine de migrants clandestins ont été secourus au large des côtes ibériques selon des informations fournies par la guardia civil espagnole. Et selon les mêmes sources, pas moins de 70 harraga algériens auraient échappé à une mort certaine grâce à l’intervention des garde-côtes, tandis qu’une dizaine d’autres ont été portés disparus. Des chiffres qui font froid au dos et qui illustrent l’ampleur du fléau et des dangers liés à ces traversées clandestines suicidaires.

Par S.Benali

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