Il était une fois… les halles centrales d’Oran
Le 12 juin 2012, il y a déjà plus de onze ans, les Oranais avaient assisté avec une certaine tristesse à l’évacuation des 197 mandataires exerçant aux halles centrale d’Oran vers le nouveau le nouveau marché de gros d’El Kerma. On se souvient des images de quelques mandataires en pleurs qui s’apprêtaient à quitter le bel édifice des halles dans lequel ils avaient travaillé depuis longtemps, pour les plus âgés durant plus de cinquante ans. Mais les halles centrales d’Oran, un patrimoine architectural pourtant protégé, allaient bel et bien être démolies et rasées du paysage urbain, malgré les colères et les protestations de quelques acteurs sociaux bien téméraires, voulant s’opposer à l’époque aux visées de certains prédateurs contrôlant les centres de décisions. On sait aujourd’hui que la situation de déliquescence et de délabrement dans laquelle a été plongée la structure des halles centrales était liée à des actes de non-gestion délibérée, volontairement organisés par d’anciens décideurs. On se souvient entre autres que la décision d’améliorer le mode de gestion recommandé par l’APW de l’époque en créant une EPIC chargée de cette activité commerciale a été mise de côté et sciemment retardée jusqu’à la décision de démolition. Des retards et des tergiversations que l’on justifiait alors par le fait que «les statuts de la future EPIC ont été transmis aux services du Premier ministre pour examen et accord». Et déjà des rumeurs et des spéculations faisaient état de l’existence d’un lobby puissant qui activait pour accélérer la démarche de démolition des halles centrales et le transfert de l’activité dans la Commune d’El Kerma. Et pour cela, il ne fallait surtout pas normaliser le fonctionnement des halles centrales ni éradiquer l’anarchie et le chaos urbain encouragé par le laxisme et le renoncement de quelques sphères et élus locaux affiliés au régime de l’époque. Il est vrai que les halles centrales de l’avenue Chakib Arslan, réalisées en 1945, avaient perdu un morceau de leur toit suite à un effondrement survenu le 21 avril 1988. Mais personne n’avait jugé utile d’entreprendre des travaux de réparation et de restauration de l’édifice menacé, inscrit avec empressement et abusivement au registre du «vieux bâti à risque d’affaissement». Le directeur du marché de gros des halles centrales d’Oran avait à maintes reprises demandé des crédits pour un projet de réhabilitation, soulignant que les maigres moyens dont il dispose sont loin de suffire à ce besoin. Alors pourquoi, s’indignent à ce jour bon nombre d’observateurs l’édifice des halles centrales d’Oran n’a pas bénéficié d’un crédit de financement dans le cadre de la politique de restauration et de préservation du patrimoine architectural et urbain? Tout comme l’ont été certaines anciennes infrastructures telles que le Théâtre régional, le siège de la grande mairie ou les arènes d’Oran? Ces dernières, construites en 1908 durant la période coloniale ont été également boudées et oubliées durant des années. Il est vrai que la tauromachie n’est pas inscrite dans les us et coutumes de notre société. Mais cela n’a pas empêché le lancement de plusieurs opérations de confortement et de restauration visant à en faire un espace polyvalent destiné aux arts et à la culture. L’édifice des halles centrales d’Oran qui a été démoli méritait cette même considération tant il constituait lui aussi un repère urbain important inscrit dans la mémoire oranaise et que certains ont voulu effacer à jamais. Mais on n’efface pas impunément l’Histoire.
Par S.Benali