EDITO

La colère ne s’est pas estompée

La répression au Maroc contre la jeunesse qui a osé clamer haut et fort sa colère contre la situation dramatique que subit le peuple marocain, l’injustice, la hogra, la corruption, la défaillance des secteurs de l’éducation et de la santé, prend une autre tournure cette fois devant la justice. Les condamnations pleuvent et sont d’une grande et inquiétante sévérité.
Ainsi à Agadir, les juges ont poursuivi le même chemin de la répression policière, en condamnant les jeunes manifestants de la génération GenZ 212 à de lourdes peines de prison. Trois d’entre eux ont écopé de quinze ans de prison ferme, un de douze ans, neuf autres de dix ans de prison, alors que d’autres ont été condamnés de trois ou de cinq ans de détention. A Salé, le tribunal de la ville a condamné d’autres jeunes à des peines de vingt ans et de quinze ans de prison. Ainsi c’est partout la même main lourde et répressive dans tous les tribunaux du royaume, où le Makhzen ne pardonne pas à ces jeunes d’avoir osé remettre en cause le gouvernement et mis en avant les innombrables injustices auxquelles est soumis le peuple marocain.
Des jeunes qui attendaient du roi Mohammed VI une écoute et une réponse à leurs nombreuses revendications, mais qui ont vite déchanté face à un discours creux et insignifiant, où le monarque a parlé de généralités et n’a pris aucune mesure, ou à tout le moins un début de mesures, pour satisfaire les revendications ou une partie des revendications de ces millions de jeunes et moins jeunes qui ont investi les rues des villes du pays.
Un roi qui, au mieux, prouve ici qu’il est tout à fait déconnecté des réalités et des souffrances de son peuple, et qui, au pire, est le personnage central de toutes les injustices que subit son peuple. Alors que les jeunes avaient exigé dans leurs manifestations le départ du gouvernement corrompu de Aziz Akhannouch, aucune décision n’a été prise en ce sens. Ce gouvernement, et en premier lieu son chef Akhannouch, n’a aucunement été inquiété, ni renvoyé. Il faut dire que le système de la rapine et de la corruption généralisées profite à tous les gouvernants y compris à la famille royale qui roule sur l’or, alors que le peuple crève de faim. Un peuple qui ne partage plus rien avec le gouvernement et le roi, qui ont choisi de trahir la cause palestinienne et qui contribuent même aux massacres de la population civile à Ghaza, en permettant aux navires de guerre sionistes, chargés d’armes et de munitions, d’accoster aux ports marocains.
La rupture semble bien consommée entre un régime du Makhzen qui n’écoute plus personne et un peuple qui semble bien décidé à faire entendre son cri de détresse. C’est ainsi que les jeunes ont repris leurs manifestations, optant cette fois pour des rassemblements dans les places publiques au lieu des marches, mais avec toujours la même détermination pour faire aboutir leurs revendications.

Par Abdelmadjid Blidi

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