La fatalité de l’oubli et du renoncement collectif
Un atelier de recensement du patrimoine culturel immobilier a été organisé et clôturé la semaine dernière à Oran. Selon des participants, cet atelier a permis de dresser l’inventaire de pas moins de 200 biens relevant du patrimoine culturel à travers les différentes communes de la wilaya. Un patrimoine recensé et qui doit, en principe, être sauvegardé et valorisé, précise-t-on du côté de la direction de la Culture et des Arts.
Dans le cadre des travaux menés pour finaliser cet inventaire, les acteurs concernés indiquent que les 200 sites répertoriés ont fait l’objet de pas moins de 1200 prises de vue photographiques numérisées.
Des fiches d’inventaire ont été établies avec l’aide de fonctionnaires des collectivités locales ayant bénéficié d’une formation lors de cet atelier lancé depuis le 3 décembre dernier. On précise aussi que ces sites du patrimoine culturel recensé comprennent quelques biens datant de l’époque ottomane et bien d’autres relevant de la période coloniale.
Cet atelier d’inventaire du patrimoine culturel immobilier, le premier du genre au niveau de la wilaya, est évidemment une initiative à saluer car il aurait permis, nous-dit-on, «aux responsables locaux de découvrir des monuments au niveau de leurs communes respectives». Une autre façon de dire que les gestionnaires successifs élus au niveau des mairies sont loin de maîtriser ni même de s’intéresser aux biens immobiliers, culturels ou historiques existant sur leur territoire communal.
Il est en effet choquant de constater que bon nombre de sites à caractère culturel et historique restent le plus souvent abandonnés à la dégradation et même souvent oubliés, comme pour être effacés de la mémoire collective. On sait pourtant que dans une Cité moderne digne de ce nom, ce genre d’inventaire est actualisé chaque année et retranscrit au fameux sommier de consistance de la commune concerné.
Et il s’agit pour les responsables locaux concernés de veiller à dégager chaque année les fonds nécessaires à l’entretien et la préservation de ces biens. Et même à engager des projets d’embellissement et de valorisation des sites dans le cadre de la promotion du tourisme local. On sait malheureusement combien cette noble ambition reste encore hors de portée compte tenu de l’état des lieux de la gestion municipale pénalisée par des carences, des incompétences et des inepties indignes de toute notion de progrès et de modernité.
Sans remettre en cause ou nier l’engagement sincère et la volonté sans failles de quelques rares élus et décideurs locaux voulant remédier aux lacunes et aux déficits, on ne peut que s’interroger sur l’incapacité collective à lancer et à mener avec succès des projets de restauration et de réhabilitation de monuments classés comme la Mosquée du Pacha ou le Palais du Bey.
Ou encore de ce vieil Hôpital Baudens que l’ancien Maire d’Oran a tenté de transformer en observatoire de l’environnement doté d’aires de plantations, d’espaces verts, et d’ateliers divers.
Un projet, comme tant d’autres, vite abandonné et frappé par la fatalité de l’oubli et du renoncement collectif… Ainsi va Oran.
Par S.Benali