La légendaire malédiction du Saint patron de la ville
«Les Responsables locaux ne sont que de passage, et leurs noms seront pour la plupart oubliés… Seules les actions efficaces et les bilans appréciés peuvent leur permettre de s’inscrire dans l’histoire et la mémoire collective…». Cette vérité partagée par de vieux retraités assis autour d’une table au café, reflète bien la faiblesse et la légèreté des parcours de bon nombre d’anciens gestionnaires locaux installés au chevet d’Oran.
Sans douter ou remettre en cause la sincérité des engagements des uns et des autres, on ne peut malheureusement que constater et admettre que bien trop de dossiers économiques, sociaux et urbains demeurent encore en instance parfois depuis un quart de siècle.
Depuis l’indépendance, rares sont les décideurs locaux installés à Oran qui ont véritablement compris et maitrisé les mécanismes de formation et d’évolution du tissu urbain et envisagé des solutions durables sans se gargariser de discours et de promesses servant à entretenir l’illusion d’un meilleur avenir urbain pour la ville et ses habitants. Car trop de contraintes et de paradoxes handicapent à ce jour la mise en œuvre d’une stratégie de développement local efficiente en matière de projets et d’interventions visant à assainir et améliorer l’état des lieux actuel.
Parmi les exemples les plus frappants on pourrait citer notamment les opérations dites d’éradication des bidonvilles et du vieux bâti en effritement, de relogement des vagues successives d’occupants de bâtisses non démolies et de baraques sauvages. L’un des échecs les plus édifiant est sans conteste le cruel abandon du vieux quartier historique de Sidi El Houari, livré depuis toujours à des improvisations indignes des ambitions oranaises.
La réhabilitation et la préservation du patrimoine historique et architectural à Oran est un domaine qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mais la plupart des acteurs administratifs et sociaux concernés ou impliqués n’ont jamais réussi à faire preuve d’union et de totale mobilisation autour d’un projet et d’une démarche collectivement approuvée et soutenue.
Parfois convertis on ne sait comment en théoriciens de l’urbanisme autoproclamés, certains membres du mouvement associatif ne cessent de s’agiter inutilement, ne visant en réalité que l’obtention de subventions juteuses. Malgré les coûteuses études réalisées pour finaliser le Plan directeur d’aménagement urbain, le fameux PDAU, et les différents POS (plans d’occupation des sols) pour chaque circonscription, rien ne semble «fonctionner» selon les règles établies et les normes élémentaires en matière d’esthétique architecturale et de règles urbanistiques… Comment ne pas croire à la légendaire malédiction qui, selon certains anciens poètes populaires et historiens, aurait été lancée par le Saint patron de la ville, Sidi Houari, à l’encontre des habitants « qui ne respectaient ni la parole donnée, ni le pacte social ni les valeurs morales… ». Ainsi va Oran.
Par S.Benali