Oran

La mendicité prend une ampleur démesurée à Aïn El Turck : la collecte de l’argent fait désormais partie d’une banalité

De plus en plus de personnes, des deux sexes et de différents âges, sillonnent inlassablement rues et boulevards du chef-lieu de la daïra d’Aïn El Turck pour faire la manche. Selon la pénible réalité du terrain, leur nombre semble vraisemblablement avoir tendance à augmenter au fil du temps.

Certains se sont expropriés une place à l’entrée d’une boulangerie, d’un restaurant, d’une cafétéria, d’une banque où d’un bureau de poste et gare à celui qui oserait s’y installer. De violentes altercations ont souvent opposé les belligérants à ce propos. « Ils apostrophent le passant pour lui débiter leur litanie, concernant leurs prétendues circonstances, qui les ont obligés à quémander. Pour susciter la compassion, certains n’hésitent pas à réciter des versets du Saint Coran tout en soulignant que Dieu récompensera les âmes charitables. ‘’Donnez, donnez, Dieu vous le rendra’’ invoquent-ils pour la plupart » a fait remarquer, un sexagénaire, habitué du marché communal d’Aïn El Turck des fruits et légumes.

Qu’il vente, qu’il pleuve ou sous les ardents rayons de soleil, ces personnes sont toujours présentes du matin au soir au niveau des points stratégiques, qui constituent leur lieu de prédilection. « Ils n’acceptent que fort rarement du pain, du lait, un gâteau ou tout autre produit alimentaire. Ils préfèrent de loin de l’argent et font la remarque sans avoir froid aux yeux. Cela m’est arrivé lorsque j’ai offert du pain à une mendiante. Elle m’a carrément rabroué en me disant de le garder pour ma famille. Nous ne sommes pas aussi crédules pour croire que la majorité d’entre eux est vraiment dans le besoin. C’est devenu tout simplement un métier comme tant d’autres que ces personnes exercent dans aucun embarras au vu et au su de tout un chacun », a encore confié un autre interlocuteur.

D’autres encore, se sont spécialisés dans la collecte de l’argent dans les bus. Leur tactique repose à travers un saugrenu élan de solidarité concernant une prétendue quête destinée à aider financièrement un malade sur le point de subir une intervention chirurgicale. Pour ce faire, ils présentent des documents et des photos de malades sur leurs téléphones portables. Au cours de la saison estivale, ils profitent de l’affluence des vacanciers sur les routes pour se poster sur les chaussées en ne souciant nullement des encombrements de la circulation, qu’ils provoquent. Bien au contraire, cet affligeant état de fait joue en leur faveur.

Quel est leur nombre exact à Aïn El Turck ? Nul ne le sait en partant du principe que l’on ne peut inclure dans des données officielles quelque chose qui n’est pas censé exister. D’aucuns s’accordent à dire que « cette pratique a pris de l’ampleur des dernières années et ce, en raison du peu ou pas d’opérations de ramassage ».

Rachid Boutlélis

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