EDITO

La naissance d’un nouveau monde

Le monde entier était suspendu aux lèvres du maître du Kremlin. Et même si l’on savait par avance que Poutine allait reconnaître l’indépendance des deux républiques pro-russe (Donetsk et Lougansk), les chaînes du monde entier, notamment occidentales, ont passé les discours du président russe en entier. Poutine, très décontracté comme à son habitude, en a profité pour faire un discours magistral sur histoire de la Russie, les errements des bolcheviques, la création de l’Ukraine, et les promesses non tenues des Occidentaux à Gorbatchev.
Poutine sait qu’il est en position de force, et qu’il a plusieurs coups d’avance sur ses adversaires d’en face, qui n’ont plus comme moyen de riposte que d’agiter des sanctions économiques et financières contre les intérêts et les personnalités dirigeantes de la Russie.
Des menaces dont n’en a cure le président russe, comme l’ont déclaré ses proches, qui savent l’impuissance des Occidentaux pris à leur propre piége de vouloir décider de tout et en tous lieux. Sauf que Poutine ne permet pas que l’on joue dans son arrière cour et ne veut pas entendre d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Les frontières russes doivent être débarrassées de toute présence militaire occidentale. Poutine qui n’a fait en réalité qu’entériner un état de fait en reconnaissant les deux républiques séparatistes, laisse presque une porte de sortie honorable aux Américains et à leurs alliées en renonçant à une attaque frontale contre l’Ukraine.
Mais cette partie d’échecs qui se joue aux frontières russo-ukrainiennes est un signal fort lancé par les Russes, qui signent en réalité la fin du monde unipolaire voulu par les Américains au lendemain de la chute du mur de Berlin. Désormais Moscou se replace comme une puissance militaire internationale qui élargit ses domaines d’intervention, comme cela a été déjà prouvé dans le conflit syrien.
Nous sommes presque revenus au temps de l’équilibre de la terreur, et la Russie signe là son grand retour sur la scène internationale, signifiant aux Américains que désormais ils ne sont plus seuls, et qu’ils doivent composer avec Moscou, en Europe et partout dans le monde.
L’Afrique est ainsi le prochain terrain d’influence entre les puissants de ce monde. Car en plus des Occidentaux, il faut maintenant faire avec la présence des Russes, mais aussi des Chinois. A petite dose, l’échiquier géostratégique mondial est en train de changer et de se façonner d’une toute autre manière que celle que l’on a connue depuis 1989.

Par Abdelmadjid Blidi

 

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