EDITO

La route-cimetière

Le tragique accident de la circulation qui s’est produit avant-hier, provoquant la mort de 18 personnes, est certes exceptionnel par sa gravité, mais il ne doit pas détourner notre regard d’un phénomène insidieux et persistant : la mortalité routière en Algérie. En effet, chaque année, environ 4 000 Algériens perdent la vie sur nos routes, un chiffre qui, malgré quelques fluctuations, demeure tragiquement stable. Ce constat, dur à accepter, révèle une réalité alarmante : la lutte contre la mortalité routière semble, jusque-là, une bataille perdue d’avance. Les autorités peinent à inverser cette tendance, et les efforts déployés paraissent insuffisants face à la gravité de la situation. La fatalité, si elle doit être évoquée, n’est pas une excuse suffisante pour ne pas agir.
Cette violence routière n’est pas une simple statistique ou un phénomène passager, c’est une véritable hécatombe qui déchire le tissu social de l’Algérie. Elle donne à notre pays l’image d’un territoire en guerre, non pas avec des armes, mais avec ses propres routes, ses propres citoyens. Chaque vie perdue représente un gâchis humain et social immense : des familles brisées, des enfants orphelins, des parents dévastés, des jeunes à qui l’on refuse l’avenir à cause d’une mauvaise gestion, d’un comportement irresponsable ou de l’insuffisance des infrastructures. Au-delà du drame individuel, cette perte collective freine le développement, paralyse l’économie, et affaiblit la cohésion nationale.
Il faut aussi souligner que ces chiffres de mortalité ne sont pas une fatalité inscrite dans le destin de notre pays. Ils doivent être considérés comme un défi, une urgence absolue à relever. La lutte contre la mortalité routière doit s’inscrire dans une stratégie globale, cohérente et déterminée. Or, force est de constater que toutes les mesures prises jusqu’ici restent insuffisantes. Les campagnes de sensibilisation, les contrôles, la répression des délinquances routières semblent peiner à produire l’effet escompté. L’accident d’El Harrach, par exemple, a été un signal fort, une alerte qui doit mobiliser davantage la société et les pouvoirs publics.
La délinquance routière, qui inclut excès de vitesse, non-respect du code de la route, alcool au volant, non-port de la ceinture ou encore mauvaises conditions des véhicules, ne doit plus être tolérée. Il ne suffit pas d’adresser des messages de prévention ou de multiplier les contrôles. Il faut adopter une approche systémique, intégrée, impliquant tous les acteurs de la société. La sensibilisation doit être renforcée, mais aussi la prévention, en améliorant les infrastructures, en modernisant le parc automobile, en formant mieux les conducteurs, et en appliquant une répression ferme.
La lutte contre la mortalité sur nos routes doit devenir une cause nationale, une cause pour laquelle chaque Algérien doit se mobiliser, pour bâtir un avenir où la route ne sera plus synonyme de danger, mais de progrès, de sécurité et de vie.

Par Nabil.G

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