Le fléau mortel … des chiens errants
Selon un récent rapport de la direction de la santé, 2.733 cas de morsures par des chiens errants ont été enregistrés dans la wilaya d’Oran durant les huit premiers mois de l’année 2022 en cours. Soit une moyenne de 5 à 6 cas de morsures par jour dans une collectivité d’à peine 2 millions d’habitants. Une statistique effrayante quand on sait que sous d’autres cieux, la moyenne annuelle des morsures d’animaux errants ne dépasse pas 2 ou 3 cas par jour dans une population de 50 millions d’habitants !
C’est dire à quel point Oran et sa région souffrent de fléau des morsures par des chiens errants sans que les gestionnaires et acteurs sociaux concernés ne soient alarmés outre mesure ni encore moins indignés par l’état des lieux désastreux Et ce qui est encore plus dramatique et choquant est le nombre de décès de victimes de morsure de chiens, qui ont contracté la rage, une maladie transmissible aux humains qui peut pourtant être facilement neutralisée par le fameux vaccin antirabique.
Selon la direction de la santé, en l’espace d’une semaine, deux personnes ont perdu la vie, terrassée par la rage, dont un homme de 49 ans mordu par un chien au quartier Maraval alors qu’il se rendait à la mosquée et d’un enfant de 5 ans, à Hassian Toual dans la commune de Gdyel , décédé il y a une quinzaine de jours suite à des complications après avoir été mordus par des chiens errants. Selon des observateurs avertis, la situation en ce domaine se serait aggravée depuis l’arrêt des battues administratives qui étaient organisées par certaines mairies pour «éliminer» les chiens errants sur la voie publique Une mesure prise sous la pression de certaines sphères associatives «indignées par les souffrances infligées à ces animaux domestiques chassés et abattus comme des bêtes sauvages». Il est vrai que la pratique d’abattage des chiens errants sur le tissu urbain ne peut être que dénoncée, car c’est un odieux palliatif à l’absence totale de procédures et de moyens modernes nécessaire à la mission municipale de ramassage des chiens errants.
Un secteur, comme celui de la collecte des ordures, qui depuis des décennies peine lui aussi à trouver le chemin du progrès et de la modernité. Après le décès du résident de Maraval mordu alors qu’il se rendait à la mosquée pour la prière de l’aube, l’imam du quartier et les habitants d’El Othmania ont exigé des responsables du secteur urbain de reprendre les opérations de capture des chiens errants souvent en meute, bien plus visibles et bruyants durant la nuit. Des chiens, qualifiés «d’animaux domestiques » mais qui ne sont pour la plupart ni vaccinés ni encore moins suivis par un vétérinaire.
Fatalement, le spectre de la rage, cette infection virale totalement éradiquée sous d’autres cieux, ne cesse de planer sur la commune oranaise et sa région, favorisé il faut le dire par le triste état de laxisme, voire d’abandon de ces fonctions municipales de lutte contre les animaux errants, d’hygiène publique, et d’entretien du cadre urbain en proie à une clochardisation avancée. Jusqu’à quand?
Par S.Benali