Le sommet des chefs d’Etat de l’OUA qui s’est tenu à Rabat en juin 1972 a adopté une résolution sur le Sahara dit espagnol par laquelle les chefs d’Etat africains dont le roi du Maroc déplorent la lenteur avec laquelle l’Espagne procède à la décolonisation de ce territoire.
Contrairement à ce que prétend le roi Mohamed VI et le Makhzen, le Maroc a été l’un des partisans de l’autodétermination du peuple sahraoui. L’ambassadeur d’Algérie aux Nations unies, Sofiane Mimouni, qui l’a révélé lors d’un séminaire régional du Comité spécial de la décolonisation, qui se tient en République dominicaine, a rafraîchi la mémoire de son homologue marocain, Omar Hilal. Sofiane Mimouni a rappelé à l’ambassadeur marocain, que «la question du Sahara occidental a été et demeure inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale de l’ONU, depuis 1963, et a bénéficié de l’appui de trois pays voisins, à savoir, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie». Un fait établi et consigné dans les documents de l’ONU. Ces trois pays, a ajouté l’ambassadeur, «ont fermement soutenu, depuis lors, à l’occasion de chaque session de l’AG de l’ONU, le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance». C’est dire que l’option de l’autodétermination n’est pas une invention algérienne, mais une prise de position commune aux pays maghrébins. Outre cet épisode, dont la véracité ne saurait être mise en doute, M. Mimouni a rappelé à Omar Hilal que «le sommet des chefs d’Etat de l’OUA qui s’est tenu à Rabat en juin 1972 a adopté une résolution sur le Sahara dit espagnol par laquelle les chefs d’Etat africains dont le roi du Maroc déplorent la lenteur avec laquelle l’Espagne procède à la décolonisation de ce territoire». Les pays africains ont même souligné l’urgence pour l’Espagne d’ «instaurer un climat de liberté et de démocratie dans lequel le peuple de ce territoire pourra exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance dans les plus brefs délais en application de la Charte des Nations unies». Les participants au séminaire régional du Comité spécial de la décolonisation ne pouvaient qu’acquiescer à l’argumentaire du diplomate algérien. Ce dernier a ainsi conclu sur le fait que «le soutien du Maroc au droit légitime du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance était on ne peut plus clair».
Il reste, souligne M.Mimouni, que le vrai visage du Maroc est apparu en 1975. Face à l’intention de l’Espagne d’organiser un référendum d’autodétermination, le Maroc s’est découvert, contre toute attente, «une ambition prédatrice». Il a envahi le territoire du Sahara occidental et en affirmant sa vocation d’annexer ce territoire non autonome. Le diplomate a dans ce sens, rappelé que le Maroc a déjà revendiqué une partie du territoire algérien et s’est livré, en 1963, à une agression militaire en règle contre l’Algérie qui venait, pourtant, à peine d’accéder à son indépendance. Il faut préciser également que le Maroc n’a reconnu la Mauritanie qu’en 1969, neuf longues années après son indépendance. Il a fallu convaincre le roi Hassan II à se conformer au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.
Donc, les déclarations «mensongères» de l’ambassadeur marocain «visent à dénaturer les faits et à travestir la réalité, celle d’un conflit de décolonisation qui oppose le Maroc au Front Polisario qui reste le représentant légitime d’un peuple luttant pour sa libération», soutient M.Mimouni.
Et «l’Algérie tout comme la Mauritanie, est un pays observateur officiel du processus de règlement du conflit au Sahara occidental ainsi que cela ressort des dispositions pertinentes des résolutions du Conseil de sécurité ainsi que des documents connexes des Nations unies», précisera-t-il non sans rappeler que le soutien constant de l’Algérie, aux efforts du secrétaire général de l’ONU et de son envoyé personnel dans la recherche d’une solution juste et durable devant pourvoir à l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance.
Cependant, le Maroc a décidé unilatéralement de remettre en cause la dynamique onusienne, en mettant en doute la sincérité et la probité de l’envoyé personnel du SG de l’ONU et, ensuite, en considérant l’option référendaire comme définitivement écartée, contrevenant ainsi à l’appel répété du Conseil de sécurité à la reprise des négociations de bonne foi et sans conditions entre le Maroc et le Front Polisario, a regretté M. Mimouni.
Anissa Mesdouf