Le syndrome de « la vitre cassée »
Il est évident que beaucoup reste à faire en matière d’éducation à la citoyenneté responsable permettant de lutter contre l’incivisme à travers les quartiers et les cités.
Il y a quelques années encore, dans les grandes cités d’habitat, des habitants peu soucieux des règles de vie en collectivité n’hésitaient pas à jeter un sac de déchets ménagers par la fenêtre de l’appartement du 4e étage.
Une pratique qui a quelque peu disparu, sans pour autant que le paysage urbain de la cité ne soit amélioré et assaini de toutes les tares et les «points noirs» marquant la clochardisation avancée.
On sait que sous d’autres cieux, le fait de jeter sur l’espace public un sachet vide ou un mégot de cigarette constitue un délit passible d’une sévère amende financière.
La lutte contre l’incivisme doit en effet s’accompagner de mesures répressives encadrées par un règlement juste et précis.
On sait malheureusement combien les autorités communales concernées sont encore loin, très loin de pouvoir assumer ce rôle de prévention et d’éducation à la citoyenneté responsable et préfèrent au contraire s’installer dans une curieuse expectative, tout en pointant du doigt et en accusant systématiquement les citoyens d’être les premiers responsables du désordre et de l’anarchie qui règne en matière de respect de l’environnement et de l’hygiène publique à travers les quartiers.
Selon des observateurs avisés, la majorité des élus locaux aux commandes d’une APC refusent d’admettre la réalité de l’état des lieux de leur commune globalement gangrénée par la saleté des déchets non ramassés, les trottoirs défoncés, les routes cabossées, les poteaux d’éclairage cassés, les «dos d’ânes» anarchiques, les regards d’évacuation d’eau pluviales bouchés, et bien d’autres éléments du paysage urbain reflétant la laideur et la médiocrité.
Et lorsqu’il sont interpellés et rappelés à l’ordre, bon nombre d’élus gestionnaires adoptent l’attitude de la «victime harcelée» qui n’aurait rien à se reprocher, et nient outrageusement la réalité du tissu urbain délabré.
Il est vrai que bon nombre de citoyens ont une part de responsabilité dans la dégradation et la clochardisation de l’espace urbain.
Les sociologues ont souvent expliqué le processus de dégradation d’un site urbain par ce qui est appelé le «syndrome de la vitre cassée».
Une vitre qui n’est jamais réparée dans les délais, et qui peu à peu s’accompagne de la détérioration de l’immobilier et de l’environnement urbain, jusqu’à transformer la cité d’habitat en «guetto» de banlieue sale et hideux.
Par S.Benali