Les excités de la mémoire
L’épisode de la grâce présidentielle accordée à Boualem Sansal a mis le feu dans la tanière des raciste et descendants de colonialistes. Ils ont reçu une gifle magistrale et n’ont rien trouvé comme parade que de réveiller leurs démons pour incendier ce qui peut l’être dans les relations entre leur pays et l’Algérie. Ils ont manigancé une stratégie d’une débilité déconcertante. En fait, ils se sont contentés de chauffer à blanc l’opinion française. Les incendiaires de la mémoire sont les descendants des colonisateurs coincés à une époque de l’histoire et ne veulent pas en sortir. A chaque initiative positive de la part de femmes et d’hommes courageux destinée à solder le passé algéro-français, ils allument leur brasier et soufflent sur les braises jusqu’à en faire un immense incendie.
Ils aiment cela. Ils carburent aux gestes obscènes et aux petites phrases assassines. Ils ne laissent passer aucune occasion pour réinventer leur monde et lui trouver des vertus, en habillant leurs parents tortionnaires, criminels de guerre et colonialistes hideux de consumes civilisateurs. Ils savent bien, ces nostalgiques de l’ère coloniale, que leurs auditeurs ne pourront jamais imaginer toutes les douleurs des peuples colonisés. Tous les films, les photos et les récits d’historiens ne renvoient pas l’image réelle de la nuit noire coloniale. Le sentiment du colonisé n’est pas quantifiable. C’est la pire chose qui puisse arriver à un être humain après l’esclavage. C’est même comparable à certains points de vue.
Les Le Pen, père et fille, les Retailleau et autres Zemmour soufflent sur la braise d’une actualité récente dans le vain espoir de transformer une cuisante défaite pour eux en pseudo victoire. Ils entretiennent sciemment l’incendie, histoire d’empêcher que les peuples algériens et français ne relisent leur histoire commune et en admettre toutes les vérités crues de l’invasion, l’acculturation, la dépossession, la tentative de mise à mort de toute une identité.
Et si l’épisode Sansal révèle une aversion d’une partie minoritaire de la société française du vivre-ensemble, il ne doit pas devenir un verdict définitif contre la possibilité même de l’entente entre deux sociétés à la seule condition de voir en face l’histoire en partage, telle qu’elle s’est effectivement déroulée.
La mémoire n’est pas une arme de plus dans le coffre des nostalgiques de l’Algérie française, elle doit être au contraire, un instrument capable de guérir les blessures, de prévenir les récidives, et d’offrir, peut-être pour la première fois, une vraie possibilité de coexistence entre deux peuples, aujourd’hui, par la force de cette même histoire, sont inter-dépendants. D’Algérie, il y a certes une exigence de vérité et de reconnaissance du crime colonial, mais nulle haine ni ressentiment. Les Algériens ont mené une guerre d’indépendance, ils l’ont gagnée et ont déjà ouvert une nouvelle page. A la France de gérer ses «excités de la mémoire»
Par Nabil.G