Les médiocres tâtonnements de la politique urbaine
La lutte contre la prolifération des constructions illicites est une mission devenue bien complexe et difficile en raison de bon nombre de facteurs politiques, économiques et sociaux jusqu’ici ignorés ou rejetés par l’approche et la gestion de ce phénomène devenu irréductible. A Oran, depuis longtemps le constat d’échec est flagrant: les bidonvilles réapparaissent, souvent aux mêmes endroits, et au même rythme des recasements d’occupants de baraquements devant être démolis. Une sorte de «vases communicants» qui a fini par installer le bidonville en créneau majeur et privilégié dans la course à l’acquisition d’un logement social. Les experts en urbanisme ayant traité la question soulignent tous que la construction de la ville relève à la fois des décisions des pouvoirs publics mais aussi de tous les autres acteurs sociaux impliqués dans l’appropriation du foncier urbain et son utilisation. Il se trouve que depuis des décennies, l’extension urbaine d’une grande ville comme Oran a été conditionnée par les vagues d’exode rurale, forgées par la pauvreté et la quête vitale de emploi, de la santé et de l’école et de la sécurité disponibles dans les périphéries des grandes cités. Une réalité connue partout dans le monde, mais qui n’a malheureusement jamais été gérée avec pragmatisme et lucidité par un l’ancien système de gouvernance braqué sur le seul partage de la rente pétrolière entre ses clans et ses protégés. En matière de développement et de modernité, Oran, la capitale de l’Ouest algérien, est longtemps restée marginalisée et oubliée par les planificateurs du pouvoir central abusivement installés aux commandes, souvent malgré leur incompétence et leurs dérives indécentes. Fatalement, la ville ne pouvait que cumuler les déficits en infrastructures dans les domaines, du logement à la santé, en passant par l’enseignement, la culture ou le tourisme. Il faut se souvenir que ce n’est qu’à la fin des années 90 que les premiers grands projets allaient voir le jour en matière d’alimentation en eau potable, d’hôpitaux, d’hôtels de haut standing, de réseau routier, et plus tard d’infrastructures sportives dignes de ce nom. Quant aux programmes de logement, les enveloppes accordées ne tenaient pas compte des grands besoins supplémentaires générés par l’effritement du vieux bâti abandonné et des milliers de bidonvilles recensés. Aujourd’hui, comme le soulignait notre confrère à Ouest Tribune, la wilaya d’Oran a retrouvé sa vieille configuration urbaine marquée par la prolifération de petits douars formant une ceinture de misère autour de la cité. A l’image de « Douar Tiartia », « douar Chelfaoui », « douar El Ghilizanyine » ou encore « el Knayene», «El Sbika», et bien d’autres noms bien singuliers… Une sorte de retour aux années 60 qui illustre au final les échecs et les médiocres tâtonnements d’une politique urbaine bien défaillante.
Par S.Benali