Ramadhan 2023: des craintes et des appréhensions
Lors de son prêche à la prière de vendredi dernier, l’imam de la mosquée Cheikh Zoubir a vigoureusement dénoncé les pratiques commerciales de spéculation et de tricheries diverses sur les prix et la qualité des produits alimentaires commercialisés.
A l’approche du mois de ramadhan, l’imam a exprimé les appréhensions et les craintes d’une majorité de familles modestes qui vivent au quotidien les vicissitudes de l’envolée des prix et de la rareté de certains produits.
L’inflation et la spéculation font pourtant l’objet de mesures draconiennes annoncées par les gouvernants, mais le système de gestion des flux commerciaux reste encore pénalisé par des pratiques et des paradoxes difficiles à assainir.
Dans certaines zones urbaines, les marchés couverts désertés par les marchands reflètent l’ampleur de l’anarchie dans l’organisation et la gestion des circuits commerciaux.
Le règne des marchands illicites, installés sur les trottoirs à travers les quartiers est un décor devenu presque légal et banalisé, et ne permet guère un contrôle et une régulation du marché des fruits et légumes qui risque encore de battre des records dans l’envolée des prix.
«La tomate et l’oignon deviennent des produits de luxe pour les familles à faible revenu, se lamente un père de famille…
j’achète souvent ces légumes non pas au kilo, mais à l’unité…».
Au marché La Bastille comme à Mdina Jdida ou El Hamri, des citoyens expliquent sur les réseaux sociaux que les prix ne cessent de flamber.
Mais c’est surtout la viande rouge, si précieuse et appréciée durant le mois de ramadhan, qui est au cœur des lamentations et des colères de citoyens choqués par le niveau des prix.
… Et quand on tombe sur des prix de viande de bœuf plus accessibles, on est toujours angoissé par la qualité et le spectre de la «viande d’âne» tant redoutée, déclare une ménagère angoissée par les informations fréquentes sur la découverte d’ossements et de restes de viande de baudet.
Hier encore en effet, au quartier des Planteurs, des carcasses d’âne ont été découverts par des citoyens, semant l’effroi et le dégoût parmi les habitants de la Cité.
Même si certains, sur les réseaux sociaux, tentent de «tempérer» les réactions de répulsion face au fléau de la viande de baudet, cette «pratique de consommation» connue dans très peu de pays, n’a nullement sa place dans notre société.
Les citoyens oranais retiennent les épisodes de viandes d’ânes commercialisées ou celles de chats déclarés comme étant du lapin et qui ont défrayé la chronique locale.
Malgré les vagues de colère et d’indignation, cela ne semble pas dissuader certains énergumènes sans foi ni loi voulant écouler de la fausse marchandise nuisible et dangereuse pour la santé. Et c’est notamment la viande hachée, très demandée durant le mois de ramadhan, qui inspire le plus de craintes sur sa composition et sa qualité.
Par S.Benali